Journée de merde, presque aussi pire que ta soirée d'hier. Tu t'es réveillée chez Leslie ce matin, la tête dans le cul. T'es restée une partie de la journée, mais ce n'était pas assez pour te faire sentir mieux. T'es donc passé chez Andres, en pensant que t'asseoir dessus te ferait peut-être du bien. Physiquement ouais, mentalement ? pas trop. Tu soupires en quittant le Starbucks dans lequel tu étais venue te réfugier, pour un grand café et te met en route vers l'hôtel de Warren. Tu sais qu'un jour il faudra que tu lui en parle... C'est bien le seul à qui tu peux le faire, qui puisse réellement te réconforter. Mais peut-être qu'en ce moment, ce que tu as besoin, c'est de t’apitoyer un peu sur ton sort sans qu'on te demande de tous les côtés d'aller parler à la police. T'as pas envie de faire ça, t'as pas envie qu'on te dise comment gérer ça. Et tu sais que Warren sera le premier à serrer les dents et les poings pour toi. Une fois tout en haut, tu lèves le poing pour cogner à sa porte.

Quelque chose cloche. Tu l'sais, tu l'sens. Comme des jumeaux qui ressentent la détresse de l'autre, t'es sûr à trente mille pourcent qu'il s'est passé quelque chose et qu'elle n'ose pas t'en parler. Warren, cette fois, fais un effort et contrôle tes pulsions... empêche-toi de provoquer sa peine si elle en a, retiens-toi de lui demander ce qui la tracasse, avant qu'elle ne décide de le faire elle-même. En recevant le texto annonçant son arrivée prochaine, tu fais couler un bain, l'eau chaude remplissant la baignoire, y mélangeant quelques gouttes de bulles pour faire mousser l'eau à souhait, jusqu'à ce que ça en déborde presque. Si la vue de ta chambre est horrible, la salle de bain elle, est immense. Pendant que l'eau coule toujours, tu entends quelques coups sur la porte. Tu tournes le robinet du bain et file ouvre la porte à toute vitesse, découvrant son visage... légèrement effacé, moins lumineux qu'à l'habitude. Tu l'attires aussitôt dans ta chambre d'hôtel en saisissant sa main pour la rapprocher de toi, lui ouvrant les bras si elle désire s'y réfugier. Hello little sunshine.

@Avana King

Devant la porte, tu ne penses pas et ne sait pas comment tu réagiras en le voyant. Il t'ouvre la porte et tu soulèves légèrement le visage. Ton regard croise le sien et c'n'est pas la peine de parler, il sait qu'il y a quelque chose qui cloche. Avec le temps, il a apprit à te connaître, ton meilleur ami. Il t'attire à l'intérieur et ses grands bras viennent t'entourer, pour te mettre en sécurité dans sa chaleur corporelle. Hey... Tu soupires, en sautant dans ses bras pour enrouler tes jambes autour de lui. Tu le serres fort, Avana. Comme un koala qui ne veut pas tomber de sa branche. Hey. Répètes-tu, le nez froid qui chatouille son cou et ton souffle chaud qui vient le réchauffer ensuite.

Elle s'enroule autour de toi, et tu la réceptionnes chaque fois avec une aisance, poids plume qu'elle est. Si l'échange de vos regards n'a duré qu'une fraction de seconde avant qu'elle ne saute dans tes bras, tu as tout de suite pu confirmer tes appréhensions, bien réelles. Tes deux bras la soutiennent sous les cuisses, tandis que ton visage se réfugie à son tour dans sa longue chevelure. Tu respires son odeur, son parfum léger qui chatouille ton nez et t'apaise aussitôt. Sa respiration réchauffe la peau de ton cou. Tu lui laisses le temps qu'il faut, le temps qu'il faudra. Si elle veut rester ainsi toute la soirée, toute la nuit, soit. Le bain deviendra froid, et puis quoi? L'important, c'était elle.

Il n'y a pas de mots pour décrire comment tu te sens depuis hier soir... Comme si le monde allait trop vite, pour que tu aies le temps de te comprendre toi-même. Warren te réceptionne aisément, mais tu n'en étais pas inquiète vu ton poids si léger. Vous ne vous dites rien, profitant de ce moment si simple, mais si dure pour toi en réalité. Au bout de quelques minutes, tu descends les jambes pour te remettre parterre. J'vais dans la baignoire... Que tu souffles, en te retournant. Tu retires ton t-shirt et ne te soucis pas d'être en soutien-gorge. D'ailleurs, tu le retires lui aussi et disparaît dans la salle de bain sans fermer la porte. Tu t'en fiches. T'accepterais sa compagnie même si tu es complètement nue... De toute façon, il ne s'agit que de Warren. Le reste de tes vêtements retrouvent le sol de la salle de bain et tu mets les pieds dans l'eau chaude et parfumée.

Elle quitte tes bras, s'éloignant sans cet élan qui la caractérise pourtant d'habitude. Normalement, sa démarche est celle d'un nuage, comme si elle flottait. Là, elle était plutôt lourde, las. Tu la regardes s'éloigner et se dévêtir, une main se réfugiant contre ta nuque, alors que tu retiens un soupir triste. Tu attends d'entendre l'eau du bain remuer, patientant quelques secondes pour lui laisser le temps de s'installer, puis tu la rejoins, prenant place par terre, le dos appuyé contre la baignoire. L'eau est suffisamment chaude?

Assise tout au fond de la baignoire, tu ne prends pas la peine d'attacher tes cheveux d'abord et les laissent tremper dans l'eau chaude et savonneuse. Tu fermes les yeux en remontant les genoux, essayant de ne pas penser à hier soir. En effet, t'essaie de penser à des jours plus beau... À ta mère qui te sourit depuis son bureau, pendant que tu complètes une vente avec une cliente heureuse et comblée. Ton père qui t'applaudit, pendant que tu lui montres des pas de country. Jess qui t'a pris par le bras la première fois à une soirée, pour t'éloigner avec elle jusqu'à la salle de bain. Le début d'une amitié, ta toute première amie, alors que tu avais déjà 19 ans quand c'est arrivé. Puis tu penses à Olive que t'as laissée tomber, parce que Warren était encore plus présent pour toi que n'importe qui d'autre. Tu souffles. Tes pensées reviennent à Charlie, qui t'a abandonné, comme tous les autres. Puis tu penses à Tokyo, puis tu penses au Canada, puis tes souvenirs reviennent à Los Angeles... et hier. Tu commences à respirer rapidement, à étouffer, même. T'hyperventile sans répondre à sa question... La température de l'eau est loin d'être ta préoccupation du moment.

La tête adossée contre le rebord du bain, tu écoutes le silence, le bruit de l'eau qui remue au moindre mouvement d'Avana. Le monde extérieur n'existe pas, il n'y a que vous deux, les deux meilleurs amis du monde. Le souffle de la jeune femme vient briser le calme, sa respiration accélérant à une vitesse inquiétante. Le temps de te retourner, de lui jeter un coup d'oeil, et elle est en hyperventilation, son visage devient rouge, et les pupilles, rondes. Tu te lèves d'un bond et sans réfléchir, passe un pied, et puis l'autre, dans le bain pour la rejoindre, complètement vêtu. Une fois assis, tu passes les deux jambes de chaque côté de son corps recroquevillé, l'attirant à toi, ton regard planté dans le sien. Calmement, bien qu'inquiet, tu prends l'une de ses mains dans la tienne. Ava, regarde-moi... Regarde-moi. C'est ça. Une fois le contact visuel établi, tu serres sa main et passe l'autre sur ton ventre. Ça va aller. Respire avec moi, doucement. Tu prends une inspiration, gonflant ton ventre lentement, quelques secondes... avant d'expulser l'air tout aussi lentement, te creusant le ventre. Encore.. allez, respire lentement avec moi. Ne me quitte pas des yeux, sunshine.

L'hyperventilation t'attaque d'un coup, comme un fouet au visage. T'as du mal à respirer, à voir clairement et rapidement, ton regard commence à se faire blanc. Tu ne vois plus rien d'autre, que son corps sur toi, ses mains sur ta poitrine et toi, qui étouffe entre lui et le gazon. Les jambes de Warren se font sentir contre tes cuisses, t'oublie pendant un instant où tu es, mais tu reviens petit à petit sur terre grâce au son de sa voix. Yeux dans les yeux, t'apprends à respirer de nouveau, en suivant ses indications. Tu ne le quittes pas des yeux. J'en peux plus, Warren... Tu souffles, les larmes qui te remontent aux yeux. Ma tête... J'ai mal à la tête. Tu réfléchis trop, tellement trop. T'as l'impression qu'elle pourrait exploser comme une pastèque sous pression.

Une fois sa respiration sous contrôle, ton propre coeur ralentit la cadence, se calme peu à peu. Tu ne sais pas ce qui a pu provoquer sa crise, et tu la laisseras venir à toi, lorsqu'elle se sentira prête. Pour l'instant, c'est sa sécurité et son bien-être qui comptent, avant tout le reste. Une chose à la fois, le reste viendra en temps et lieu. Sans la quitter des yeux, la main sur ton ventre remonte pour caresser sa joue avec douceur, puis s'emmêle dans ses cheveux semi-mouillés. J'en peux plus, Warren... Je suis là... Elle n'en peut plus de quoi? Tu n'sais pas. Tu n'as pas toutes les cartes en mains pour l'aider du mieux qu'tu le peux, mais il faudra faire avec les ressources que tu as déjà. Besoin de tylenols ou besoin de te vider la tête?