le temps est assez long pour quiconque en profite.

w/ @Hizak Blackwood

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concentrée aujourd'hui à classer par ordre alphabétique toute l'allée des thrillers et romans policiers étrangers, j'essaie de ne pas me perdre dans des pensées futiles.
je soupire doucement quand un livre m'échappe des mains. dire que je déteste mon travail serait un mensonge... mais le calme ambiant, le silence des clients et la répétition des tâches rongent parfois mon hyperactivité. et ma concentration n'est pas celle d'une adulte rigoureuse dans sa tâche, non. je me concentre pour ne pas courir partout, pour ne pas trembler, ne pas faire n'importe quoi... ne pas perdre le seul travail qui veuille de moi.
les doigts rencontrent les pages et mes yeux se perdent sur les quelques lignes. « Dans la vie on ne fait pas ce que l'on veut mais on est responsable de ce que l'on est. » jean-paul sartre. qu'est-ce que tu fais dans les romans policiers toi ?
un signe qu'il devait tomber, une erreur d'inattention. posant la pile sur l'étagère, je referme le livre avant de retourner au comptoir. la cloche de la porte sonne alors qu'entre un nouveau client. « bienvenue. » que je dis sans le regarder, les sourcils légèrement froncés sous les réflexions. pourquoi sartre se trouve au milieu de thriller ?
secouant la tête, je pose finalement le livre sur le comptoir avant de me retourner vers le nouveau venu déjà fondu dans les allées.
pas vu.
revenant à mes livres que je porte dans les bras, je continue de trier nonchalamment les livres qui se trouvent entre U et V. poussant un livre par un autre, je fais tomber plusieurs ouvrages de l'autre côté. « putain. » que je dis en jurant entre les dents avant que le trou ne découvre le visage connu de ce garçon qui vient régulièrement au magasin. « oh. » que je dis en ouvrant grand les yeux, les joues rouges de honte d'avoir été surprise en étant grossière.
je me mords légèrement la lèvre avant de faire le tour de l'allée pour le rejoindre de l'autre côté. « excusez-moi, je ne voulais pas être grossière. » se rattraper, ne surtout pas faire de vague. « je m'attendais pas à tout faire tomber, je trie depuis une heure, c'est interminable. » léger rire, s'expliquer pour créer l'empathie, ne pas être mal perçue. le regard se porte vers le bureau du manager mais il ne vient pas, l'incident semble être passé sous silence.
récupérer les livres tombés, les replacer... comme on replace la mèche blonde qui s'écarte de l'oreille. « vous venez régulièrement... vous cherchez quelque chose de précis ? » car je l'ai souvent remarqué.
c'est ma petite aventure de la journée quand il est là. je me surprends à l'observer, deviner ce qu'il cherche... parfois chercher à connaître ses pensées. son regard profond qui l'entraine dans les lignes des bouquins, perdu dans un monde qui n'est que le sien.
envoutant. « je peux... peut-être vous aider ? »
serrant les livres des thrillers encore non triés contre la poitrine. surprise de sentir le cœur battre un peu plus, non pas par l'attirance mais parce qu'il est toujours stressant de se faire une idée d'une personne et d'être déçue parce qu'elle est réellement... foutu sartre.

(c) oxymort

le temps est assez long pour quiconque en profite.

w/ @Hizak Blackwood

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le regard qui se pose sur le sien, les sourcils qui se froncent légèrement, autant ne pas relever la comparaison.
surtout pour une amoureuse des animaux, si j'étais venue à tuer un chat, je me serais tuée moi-même. mais soit, on va faire comme si c'était une citation d'un bouquin philosophique où le chat serait une métaphore de la vie... et. bref.
proposant mon aide, fixant sa main qui vient piocher un livre dans mes bras. il a un effet dévastateur... est-ce que ce serait du à son look atypique ou ce qu'il dégage ? il me rend timide, moi qui ne connais ni la gêne ni la discrétion.
je me pince les lèvres en réfléchissant un bref instant. « on va regarder dans la base de données. » parce que ça ne me dit rien comme ça. parce que je me ridiculise à être sans culture... mon dieu que j'aimerais être toute petite pour disparaître.
gardant les livres contre moi comme une bouée qui m'empêche de couler, je finis par les poser sur le comptoir en passant de l'autre côté pour interroger l'ordinateur sur ce fameux 1974.
après avoir taper rapidement, je lève un sourcil. « oh. » je ris légèrement. « je l'ai rangé hier. » que je finis par avouer en emmenant le jeune homme dans la rangé où j'étais prostrée. « une tétralogie, il nous manque que 1977. » m'accroupissant pour le récupérer parmi les autres livres, je finis par le lui tendre. « une édition nouvelle, si vous souhaitez les premières éditions, il faudra commander. » me relevant en sautillant légèrement, je lui souris. « on a 1980 et 1983, mais je suppose que sans 1977 ça n'a pas d'intérêt. » barbante... je me mordille légèrement la lèvre avant d'oser franchir un pas. « vous êtes écrivain ? » bonjour le stéréotype, mais fallait bien qu'elle sorte cette question.

(c) oxymort