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| | | | A roda da fortuna l’avait délaissé sur le sillage, la chance s’esquintant sur le rivage et contre les rochers représentant les difficultés de sa vie. La courbe avait été montante jusqu’à un certain point, avait-il connu un bonheur qu’il n’avait pu décrire, pendant quelques jours, avant que l’inéluctable ne lui heurte le visage. Sa vie était déliquescente. Le constate-t-il une nouvelle fois, alors que Gaïa avait fuit, qu’Elijah lui avait ramené des reproches et que cette fois-ci il n'était pas parvenu à passer outre. Qu’il restait là à tenter de soulever le monde tel Atlas sur ses épaules, tout en sachant pertinemment que ses forces s’amenuisaient à chaque tentative désespérée — désespérante. La chaleur étouffante lui frappe le visage, il serre le téléphone si fort dans sa paume que ses jointures en viennent à blanchir, que ses crocs s’enfoncent dans la chaire d’une lèvre jusqu’à la meurtrir. Sa tête lui fait mal, à cause de la fatigue et du contre-coup de l’accident. Son corps lui fait mal, la fatigue l’use, il n’avait pas dormi correctement depuis des jours. Son cœur lui fait mal. Bien plus que tout le reste, bien plus que n’importe quelle plaie qu’il aurait pu se faire. Tout se mourrait sur son passage, ses proches s’évanouissaient dans le néant, ses liens périssaient en un battement de cils, si vite, si aisément qu’il n’arrivait plus ne serait-ce qu’à réfléchir correctement. Plus à s’en faire correctement. La vue d’un Uber le fait enfin relever la tête, son corps s’extirpe lentement du banc dans lequel il était lamentablement assis. Cela fait à peine une dizaine de minutes que l’homme était passé récupérer sa voiture, que ses souvenirs en intérieur de celle-ci s’étaient volatilisés avec lui. Et là, lorsqu’il le voit, même s’il en a envie, même s’il meurt d’envie de courir dans ses bras, Lieven meurt également tout court et ses forces ne sont pas assez pour lui permettre de se relever. « Elijah. » La voix résonne, elle n’est pas ensoleillée, il n’en a plus envie. « J’arrive. Laisse-moi deux minutes pour me lever. » Et une dizaine d'années pour se remettre sur pieds.
@Elijah Moon |
| | | | | | le cœur immarcescible semble aujourd'hui fragile, fébrile aux mots qui défilent devant les orbes dilatées, tandis qu'il pianote ardemment ses doigts contre l'écran. les démons se tapissent derrière la hargne des mots tantôt secs, tantôt bruts. et la douleur n'a jamais semblé aussi cinglante. ça dégringole de partout autour de lui, comme un château qui tombe en débris. le monde semble s'étioler, et les rires de trois meilleurs amis ne sont plus que le fond sonore d'une nouvelle page chaotique. il a perdu la notion du temps, la notion de tout. les aiguilles tournent d'une lenteur affligeante. tellement, qu'il aimerait juste clore les paupières, le temps que ça passe. le temps que l'affliction et les larmes s'écoulent jusqu'à la dernière goutte. il aimerait être lâche encore, fuir l’éreintement et se réveiller au beau jour, après les longues nuits de tempête. sauf que cette fois-ci, il ne se le permettrait pas. les maux crient certes, mais les lèvres demeurent cousues, d'un froid glacial qu'on ne lui connait pas. il a assez hurlé, a tapé des poings jusqu'à ce qu'ils deviennent rubescents. la haine s'est déversé contre le monde, il s'est enflammé jusqu'à ne plus devenir qu'un tas de cendres. il s'est consumé jusqu'à ne plus devenir qu'un amas de décombres et de débris. si la rage a à peu près coulé, la culpabilité n'est qu'une vague qui devient de plus en plus immense au fil des mots échangés. un flot de sentiments, de contradictions, prêt à l'emporter au fin fond de l'océan jusqu'à le noyer, définitivement. au moment où la voiture s'arrête, le cœur se fige quelques secondes avant de laisser filer un battement. l'appréhension le ronge, le dévore presque, et c'est sous un souffle fébrile qu'il descend, en le voyant à quelques pas de lui. il marche rapidement, court presque, une pincette d'effarement au fond des pupilles. « quel con... ça va ? tu vas mieux ? reste assis un peu. j’appellerai un autre uber si besoin. » l'affolement pulse dans ses mots, tandis qu'il l'examine entièrement. que les souvenirs remontent en même temps. que le cœur frétille, que le regard vague ailleurs, mais que le manque semble aussi cinglant qu'un coup de poignard en plein cœur. il n'a jamais eu autant envie de humer son odeur et de le prendre dans ses bras.
@lieven s. yoon
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| | | | | | Quel con. Qu’il prononce en première ligne, premier verset de leur discussion, première réponse au simple salut qui n’avait rien eu d’élégant et n’avait été que cordial. C’est peut-être cruel, aurait-il pu tiquer devant son audace, mais le silence trahit l’absence d’un quelconque sentiment de rage — d’une quelconque envie de se battre et s’élancer dans une bataille verbale. Ces deux simples mots étaient finalement, tellement dignes de lui qu’il ne pouvait lui reprocher de les avoir prononcés. Un soupir dégouline des lèvres, le doigté plonge dans la crinière blonde et en ébouriffe les fils, il ne sait s’il est perplexe ou tout simplement perturbé, éreinté. « Je vais bien, arrête de t’en faire. Je t’ai déjà dit que j’allais bien. » — mensonges car il n’a que rarement été aussi mal qu’en cet instant. Mensonges, car même prononcer ces mots, réaliser leur sens est dolent. men — songes ; car le gosier n’est qu’un désert quémandant à ce que les larmes coulent afin d’enfin s’arroser de l'intérieur. « Non, je vais réussir à me lever t’en fais pas. Je suis juste un peu sonné par ce qui s’est passé. » Il revoit encore la voiture partir, sa voiture, cette même qui lui avait hérissé le poil tant il avait été terrorisé par la simple penser de la regagner. Quelque chose en lui était mortifié à la simple idée de pouvoir mourir, cependant sa vie était mortifère. Alors, lorsque la tête plonge vers l’arrière, que c’est risqué de rencontrer son regard, il détourne le sien, ferme les yeux, refusant de s’infliger cette piqure de rappel. Celle lui remémorant qu’il avait été celui qui l’avait appelé. Qu’il ne voulait pas le voir, mais qu’il ne pouvait pas s’empêcher, lorsque la situation était trop complexe de son prénom prononcer. Lieven se masse les tempes, le cocktail de fatigue, angoisse, anxiété et peur lui donne mal à la tête. Il sent un flot d’angoisse si fort lui labourer les entrailles, intoxicant son sang jusqu’à ce que le cruor détraqué en vienne à lui brûler les veines. Alors il se gratte, furieusement, avidement, inlassablement l’avant du bras. Il se flagelle et se punit, la peau devient rouge, le stress est mortel lorsqu’il grimpe autant chez lui. Il ne sait pas s’arrêter, le souffle manque, il a la sensation qu’une fleur carnivore a éclôt en plein centre de sa gorge, empêchant l’air de rentrer et les mots de sortir.
Car il ne veut pas être là. Il ne veut pas le voir. Il ne veut pas vivre ça. Mais il n’a pas le choix, encore une fois.
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| | | | | | les mensonges se meurent aux lèvres comme une jolie évidence. et il l'aurait peut-être cru, elijah. si il ne voyait pas au delà du regard neutre les convulsions de détresse s'enflammer. il l'aurait peut-être cru, si il ne parvenait pas à ressentir la même pulsion au cœur, celle qui le rend terriblement douloureux et frêle derrière la poitrine. il l'aurait peut-être cru, si il ne considérait pas celui qu'il voyait devant lui comme l'âme qui complète la sienne. pourtant, il se demande : est-ce normal pour les âmes-sœurs de se faire autant de mal ? il ne sait quoi en penser, si ce n'est qu'il est prêt à encore encaisser le goût de l'amertume. il est prêt à encaisser les gestes bruts et les mots violents. il est prêt à tout encaisser, à part le mutisme, et le regarder aussi vaguement qu'on regarderait un inconnu. lieven est tout, la source de son bonheur et de toute son impulsivité. mais jamais il ne sera qu'un simple inconnu. « c'est pas ce que je vois. » ça s'échappe des lèvres simplement, mais la signification est bien lourde à peser sur ces mots aux allures pourtant anodines. lui, ce qu'il voit devant lui, c'est un corps fragilisé, presque démuni de vie. il semble être là un instant, et à des kilomètres de rêves plus loin ensuite. comme si il menait une bataille constante entre lui et ses démons intérieurs, et que ces derniers s'accaparaient entièrement de lui le temps d'un battement de cils. il s'installe finalement sur le banc, elijah, et le regard demeure suspendu au vide avant que les mots ne s'essoufflent délicatement des lèvres, comme une confession qu'il avait peur qu'on entende, alors qu'ils ne sont que deux. « qu'est-ce que je peux faire lie, pour t'aider ? qu'est-ce que je peux faire pour te sortir de... tout ça ? » une fois de plus, il essaye de tendre le bras, mais ses doigts ne frôlent que le vide.
@lieven s. yoon
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| | | | | | Ça gratte à la surface comme une maladie insidieuse qui corrode et érode l’épiderme rougi par les serres. Ça ne s’arrête pas, le mouvement est répétitif, nullement lascif, il n’a comme but que d’esquinter au plus près sa peau, d’atteindre l’os et d’aller au delà — car c’est à son propre reflet qu’il est allergique, cette fois. Le silence alourdit le désespoir dans ses gestes, le pouce gratte la surface du coude, descend plus au Sud, les veines ressortent tant il force, se broie les phalanges et compresse ses jointures pour ne pas craquer. Il n’a plus pied Lieven, plongé dans un océan qui n’ayant jamais été pacifique s’avère être meurtrier, mensonger, l’ayant dupé dès les premières vagues légères, puis devenant vagues scélérates qu’il n’aurait jamais pu prévoir. Ainsi, il se retrouve idiot devant les vestiges de ses restes, tour de Babel promise à la destruction imminente mais se battant encore pour sauvegarder un tant soi peu de ses fragments qu’il recollerait une nouvelle fois grossièrement. (( sombres habitudes )) Son attention revient enfin sur lui uniquement lorsqu’il s’assoit, qu’il ressent cette distance qui n’avait jamais eu lieu entre eux précédemment. Elijah tend le bras, mais celui-ci cette fois-ci ne l’atteint pas et la caresse spectrale est froide, elle manque de cette chaleur particulière — au lieu de l’étreindre, il l’étouffe. Ces mots le crucifient, sans le vouloir, car leur caresse bienveillante devient un bal de rasoirs contre ses plaies et que les prunelles s’inondent petit à petit de culpabilité. « Non. Non tu ne peux pas. Je... » Les ongles ne s’enfoncent plus dans le pouls d’un poignet, la peau irritée est enfin abandonnée, il fixe le vide en tentant de se souvenir de ce qu’il aurait pu dire, de ce qu’il aurait dit, si tout allait bien. Ce n’aurait été qu’un mensonge de plus. Puis finalement, sa paume passe sur son faciès et y étire les traits, il semble las, les paupières cernées sous le sommeil détraqué par l’anxiété. Il tente de se relever, Lieven, mais la gravité terrestre ne cesse de l’alourdir, il goûte au goût de la poussière et de la terre une nouvelle fois et la saveur de l’échec rend amer. Cependant, il ne pouvait pas rester là, à attendre quelque chose qui ne viendrait pas, mourant dans le silence, comme si sa langue avait été arrachée en même temps que sa détermination. Et quelque chose le mène une nouvelle fois à lui, aimanté, bâtisse délabrée et biscornue ne tenant que sur un pied, contemplant les traits de l’ancien ami aimé, sans jamais avoir déshérité ce même. C’est dur, tout est dur, tout est si dur qu’il ne sait pas s’il arrivera à tout surmonter. Il ne sait plus s’il parviendra à faire un pas de plus ou si ce sera un dernier qui le fera chanceler et se vautrer sur l’asphalte de sa propre existence. Tous les êtres partaient, il les voyait se distancier et comme attaché à ce fameux rocher, il restait spectateur de sa défaite, l’aigle Caucase revenant sans cesse lui dérober des restes. Sans rien dire, sans même prévenir il se retourne vers lui, plongeant un genou sur le banc et déposant ses bras sur chacune de ses épaules. Il tente de l’enlacer ainsi, dans une simple douceur douloureuse, mais son propre poids le fait tomber sur ses cuisses et ainsi assis sur lui, ayant honte de sa propre fragilité, il prononce, lèvres écorchées. « Je t’aime. Je t’aime mais ça ne peut pas continuer comme ça. Je t’aime, mais aimer simplement ça ne suffit pas. » Il n’y croit pas, qu’il les prononce enfin, qu’il les fait dégouliner de ses lèvres, ces mots maux maudits brisant une amitié ayant tenu des années. Avec toute la force dont il peut faire preuve, il plisse les paupières, empêche ainsi les sillons translucides de coulisser et de trahir encore plus toutes ses indécisions, dévoiler toutes ses craintes. C’était maintenant qu’il devait le faire. Pas après. Pas demain. Aujourd’hui. « Je t’aime. Cependant je n’y arrive plus, on arrive plus à gérer ça. » Lui ne peut plus, cet aveu en est la preuve ultime et formelle, un dépassement de ses frontières et les limites qui ne voulaient plus rien dire tant elles avaient été piétinées. Il avait pensé que ce serait plus aisé, que toutes ses disputes auraient pu faciliter la chose, mais lorsque les doigts enserrent son haut, que ses ongles plongent dans le tissu de son vêtement Lieven constate à quel point c’était dur de dire au revoir et à quel point on ne lui avait jamais appris à le faire.
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| | | | | | il entend le sang taper contre ses tempes, immobile, le regard vaguant vers un passé dont il ne reste plus que les décombres d'une poignée de souvenirs fanés. réminiscences qui semblent si lointaines et pourtant encore si claires dans son esprit. comme des rêves qui refusent de s'éteindre. ils étaient beaux, lorsque leurs doigts se frôlaient, et que les promesses rejoignaient le ciel nombreuses sous forme d'étoiles filantes. maintenant, sa main se serre inutilement dans le vide laissé par la sienne. la détresse résonne fébrilement d'entre les lèvres. il clôt les paupières, parce qu'il veut fuir la réalité. il appréhende les mots qui viennent, mais au fond il les connaît déjà. il le voit venir se blottir contre lui, retomber sur ses cuisses comme affaibli du poids qui s'accumule depuis des années sur ses épaules frêles. et il demeure immobile, les yeux presque écarquillés. je t’aime, mais aimer simplement ça ne suffit pas ; et pourtant, jusque là, l'amour a presque toujours suffi pour combler l'amertume à elijah. les caresses dans les cheveux, lorsqu'ils partaient à la concurrence du monde dans un univers parallèle et qu'ils se murmuraient des mots maculés de cette douceur refoulée, qui leur ressemble si bien. lorsque la candeur des sourires échangés faisait guérir les plaies, et que les prunelles étincelaient de mille phrases muettes. il secoue alors la tête, presque avec hargne, mais les mots se meurent à ses lèvres. il a peur, non, il est terrorisé à l'idée de murmurer la fin d'une histoire pourtant si belle. chaotiquement belle. il a peur de signer la fin, mais est-ce qu'il a vraiment le choix ? il lève son regard vers les pupilles qui le scrutent et les siennes s'embuent de douleur, le faisant voir flou. les souvenirs continuent de défiler, comme un supplice, un châtiment des péchés qu'il n'a pas pris la peine de confesser. il aimerait le défier encore, il aimerait contester, lui crier que non, il refuse. mais le cœur a beau être douloureux, la raison semble plus forte cette fois-ci. ou du moins l'envie de le voir déployer ses ailes une fois pour toutes, sans lui. si le prix de son bonheur est de le voir s'évaporer d'entre ses bras, il accepte pour une fois de ne pas être égoïste. alors sans un mot, il ôte les bras de ses épaules pour le tirer vers lui. une main se plonge dans ses cheveux, tandis que l'autre caresse son dos comme pour l'empêcher de disparaître. il hume son encens, frôle de son nez l'épiderme chaud de son cou pour y laisser traîner quelques baisers. il s'accroche de toutes ses forces, et bientôt, les larmes coulent comme une rivière glacée, noyant le col de son haut. les cœurs battent à l'unisson, et il laisse filer de ses lèvres tremblantes des mots qu'il n'aurait jamais cru dire. des mots qui lui déchirent l'âme presque, mais qu'il ponctue d'un léger sourire amer. « alors va, lie. mais reste juste un peu dans mes bras avant, une dernière fois. »
@lieven s. yoon |
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Hold me now In the hands That create The heavens. Jamais jadis en sa vie, n’avait-il goûté à une telle amertume désespérée. Éreinté par ses innombrables et indécentes disputes qui ne cessaient de l’esquinter, l’âme mortifère sur le bord des lèvres mais la fierté trop grande pour assumer être réellement blessé par ses prises de tête. L’expression avait toujours été absente au combien il n’eut montré, timidement montré, dans les coulisses de son âme, un semblant de regrets et de peine. Il n’était pas bon pour démontrer de réels sentiments vifs, il n’arrivait pas à décrire la plus infime des colères et le plus grand des amours. Tout n’était que le vide ou l’aplomb, le néant ou l’univers. Un rien. Puis un tout. Sans neutralité ni centre, sans raisonnement, sans conscience et bien qu’il ait voulu parvenir à identifier toutes les failles qui le rendaient si faible face au plus jeune, chaque geste lui semblait coupable de haine, mais également complice de la tendre affection qu’il pouvait lui porter. C’était pour cela qu’il partait. Pour ne pas que le volcan explose encore chaud. Que les blessures deviennent cratères et que les cratères deviennent gouffres. Car Elijah pourrait plonger au centre même de sa terre mère, au centre même de son cœur et de son univers pour y faire les plus inguérissables damages et en cet instant, son entité entière lui hurlait qu’il ne pourrait pas, cette fois-ci s’en remettre. Les mots pleuvent et le déluge des paroles rime avec la détresse, lorsqu’il en saisit le sens de l’abandon. Lieven ne veut pas, pas ainsi, pas comme ça. Il ne veut pas le perdre. Il ne veut pas l’effacer. Il ne veut pas annihiler leur amitié comme si elle n’avait été qu’un simple grain de sable dans le désert — mais qu’est-ce qu’un désert si ce n’était qu’un amas de ces mêmes ? Son corps se colle au sien, il ne sait plus lâcher, il n’a jamais appris à le faire quand il s’agissait de lui et chaque seconde rend davantage plus meurtrier le manque causé par sa future absence. Lieven se retient de pleurer, de toutes ses forces, le combat est ardu lorsque sa poitrine se déchire en des respirations irrégulières et que ces mots qu’il espérait le délivreraient ne font que de l’enfermer. Elijah mêle ses doigts à ses mèches et le monde s’émiette sous ses pieds, les perles salées cascadent le mont des joues opalines, se versent le long d’un gosier qui ne peut plus s’alimenter en oxygène. Lorsqu’il l’étreint ; il l’éteint et ravive chacune de ses plaies, chacune de ses peines plus fortement encore, jusqu’à les faire incendier ses organes. Et il devrait le lâcher Lieven. Il devrait partir, mais il n’y arrive pas. Parce que peut-être bien que son manque fera plus mal encore que sa présence. Il ne le sait pas, parce qu’il n’a jamais essayé auparavant sans lui, jamais vraiment et la simple ébauche d’une pensée concernant ce moment le terrifiait. « Non. Non. Je dois le faire. Je dois le faire Eli’. » Qu’il susurre, la voix enrouée, le myocarde plié sous les vagues de chagrin ne laissant planer aucun doute sur son attachement le concernant. Puis, doucement, la vue opacifiée par les perles nacrées, il pose ses paumes de chaque côté de son visage, saisit ses joues, plonge les orbes de nuit dans les siennes mais nullement longtemps. Toute image pourrait être acceptable, or celle-ci ; il ne veut pas que son dernier souvenir de lui soit son propre reflet dans ses yeux de nuit. Ainsi le pouce contourne l’os de la mâchoire, il aurait tant voulu voir ses yeux rieurs mais ce sont des saules pleureurs qu’il rencontre lors de son voyage, ces mêmes qu’il essuie maladroitement du bout des digitales. Le manque est déjà là, alors qu’il ne l’a même pas encore quitté. Il est là et il ne s’arrêtera pas de le tourmenter. Lieven qui fait tout pour faire durer ses chaînes, le front rejoignant le sien en un souffle étouffé par ses larmes, il ne veut pas ne pas réussir à se sentir exister loin de lui mais il se refuse encore à partir. Tout est paradoxal. « Je n’arrive pas à te laisser partir. Je n’arrive pas à me laisser partir. » Pas alors que l’index avait déjà appris par cœur quelques unes des constellations solitaires qui ornaient la Voie lactée de sa peau, qu’il en caressait en ce moment même le grain de beauté dessiné sur sa nuque en s’émerveillant toujours de ses petits détails jamais insignifiants. Son souffle s’emmêle au sien, c’est désespéré comme l’accroche de ses ongles contre le tissu de son omoplate, celui qu’il tire encore et encore, comme s’il se tordait de douleur à l’intérieur. Il est si petit près de lui. Ces dernières secondes plus que toutes les autres. Il veut être petit, une toute première fois. Il veut qu’il l’enlace et ne le relâche pas. Il veut s’abriter sous sa cage thoracique et être à l’abri des bombes causées par les mots, puis se réfugier dans son palpitant pour être à l’abri des maux causés par le temps. Il veut que pour une fois, leurs mots ne viennent à brûler leurs peaux mais qu’ils au contraire la soulagent, remplis de douceur, remplis de vérités. Ne plus craindre qu’il l’asphyxie sans jamais le toucher, seulement par les regards et ces mots trop absents de leurs discussions. C’est peut-être trop. Trop demander. Trop attendre. Mais c’est déjà le commencement pour celui qui n’espérait que la mort à la fin de son virage. Alors, Lieven revient l’enlacer, plus fort que jamais il ne l’avait fait, plus fort que ses bras ne pouvaient le supporter. Il se recueille contre son cou, frôle de ses lèvres son oreille, plonge ses doigts dans ses mèches puis prononce. « J’ai peur de ne pas réapprendre à exister sans toi. » C’est elle qui guide tous ses gestes, elle qui l’empêche de s’arracher et se retourner, de décider, de trancher. La peur de mourir à cause de lui. Mais celle de ne pas savoir vivre sans lui.
@elijah moon
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| | | | | | je te berce dans mes bras et tes doigts récoltent mes larmes je te chante mes émois et on finit par baisser les armes
en harmonie résonnent les respirations saccadées, et leur peine semble être devenue la symbiose de deux être entrelacés. ils ressemblent à un tableau poignant. avec du bleu partout, comme des vagues de tristesse, et le noir d'une histoire qui se meurt doucement dans les rebords. il aurait souhaité peindre de l'espoir aussi, elijah, avec du blanc nacré et des astres sous forme de points lumineux. du feu et des cendres, puis des plumes immaculées pour la renaissance d'une nouvelle amitié. il aurait aimé que lorsque le désespoir les consume en entier, ils reprennent miraculeusement la vie comme deux phénix prêts à déployer leurs ailes à nouveau. mais ils en sont très loin, et plus le feu ondule, plus on voit qu'il ne reste bientôt qu'un tas de poussières et de débris. juste deux cœurs inertes, et l'arrière-goût de la douleur qui use les myocardes déjà bien souillés. il aurait aimé qu'ils ne soient que deux protagonistes damnés, à qui on pourrait changer le destin en un coup de plume. il aurait aimé que les regards ne se soient jamais effleurés. peut-être n'aurait-on jamais dû les prédestiner. il aurait aimé tout, elijah, tout. à part l'affliction qui le dévore en ce moment et qui lui ronge entièrement l'âme. est-ce le prix des délices de la dépendance enfouie, ou tout simplement celle de ses péchés à lui ? (( âmes )) - (( sœurs )) ; le mot n'a jamais semblé aussi fade qu'en ce moment. le sont-il vraiment ? ou est-ce tout simplement un énième mensonge de l'univers ? les perles diamantées continuent de ruisseler le long des joues blêmes, pour rouler jusqu'à son menton et se suicider lâchement. il a le cœur frêle, eli', malgré les apparences d'un robuste et la langue parfois trop venimeuse. il a l'air frêle sous cette apparence qu'il arbore timidement, le visage enfoui, et le halo d'un chérubin à qui on a tout ôté. au bord de la déchéance, ils semblent si candides dans cette enveloppe qu'on ne croirait pas à la démence de leur lien, et ô combien la passion a doucement ouvert les portes d'un enfer sans fin. sous le regard du plus vieux qui chasse ses larmes, il vient prendre une légère inspiration en hochant la tête à ses mots. il aimerait alors lui dire de ne pas partir, qu'il n'en est pas obligé, que sa place est là, entre ses bras. il aimerait tellement, mais il ne le fait pas. parce qu'au final, ce n'est pas seulement lieven qui se perd, mais lui aussi à force. aujourd'hui, ce sont bien les deux cœurs qui saignent abandonnement, et ce ne sont que les conséquences d'une spirale où ils ont choisi de s'engouffrer aveuglement, où le cœur s'est totalement épris de la raison. la respiration redevient hachée, lorsque les poitrines s'entrechoquent encore, et les caresses dans le dos deviennent doucement des griffures avides alors que les larmes coulent de plus belle. il profite de la sensation de l'avoir auprès de lui, d'entendre sa voix effleurer ses oreilles comme une mélopée terriblement triste. « non lie, tu as tort. » l'amertume de la vérité coule avec un léger sourire mélancolique, avant qu'il ne poursuive d'une voix tout aussi doucereuse. « c'est justement sans moi, que tu réapprendras doucement à exister. » il recule doucement, laissant apercevoir son visage saccagé par la tristesse, et celui de son ami semble l'être autant. le sourire terne contraste avec ses pupilles rougies, et ses paupières laissent dévoiler des cils de jais, maculés de joyaux d'eau salée. ils ont l'air détruits, là maintenant pendant qu'ils scrutent silencieusement la peine de de l'un et l'autre. ils sont détruits parce qu'ils se quittent, mais ils se quittent parce qu'ils sont détruits. et ça semble être la plus douloureuse des fins. « promets-me le moi, que tu essayeras de réapprendre. » et comme si il le découvrait une première fois alors que cela semble être la dernière, il fait danser lentement le bout de ses doigts sur le derme de ses joues, son menton, près de ses paupières. si fragilement, comme si il caressait de la porcelaine. il fait danser le bout de ses doigts partout, pour se remémorer de chaque parcelle de ses traits, comme si il s'apprêtait à le laisser partir dans l'au-delà. il fait danser ses doigts, jusqu'à ce que ces derniers viennent doucement caresser les lippes et leurs contours. jusqu'à ce que le cœur s'emballe, que les péchés lui susurrent à l'oreille des mots qu'il peine à entendre tant le bourdonnement derrière le myocarde semble fort. jusqu'à ce que ce que pendant un instant sa tête s'approche lentement. jusqu'à ce qu'il souffle doucement, que la réalité retombe amèrement, et que la tête se retourne finalement.
@lieven s. yoon
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From the first moment that we touched, Yours arms felt like home.
car ses sourires toujours lui parurent beaux avant que la mélancolie ne les teigne et que les larmes ne se versent en flot de vérités. ce sourire qui est le pire, tant il voit à quel point il peut l’avoir brisé, à quel point chaque déchirure avait été gardée puis accentuée à chacune de leurs disputes. il veut le voir sourire réellement, il veut le voir briller réellement et non pas goûter à une contrefaçon factice le faisant encore plus regretter d’avoir été lui. ce n’était que ça leur vrai problème — le fait qu’elijah ait été lui ; le fait que lui se soit comporté inexorablement comme lui-même. peut-être ne devraient-ils pas s’accorder et pourtant, le savoir ne rend en rien les gestes aisés et les décisions rapides. les mots effraient car ils le libèrent alors que son toucher, il veut encore en être captif et que chaque frôlement est compté comme dernier et signe la fin de leur chaotique amitié. lieven s’y blottit malgré lui, tente d’essuyer les larmes du plus jeune de ses doigts tremblants tout en chassant sa propre fatigue consternante. il veut dormir mille et une nuits pour ainsi se réveiller avec d’innombrables rêves. ses doigts parcourent ses traits et son iris plonge dans le sien à la recherche de réponses, il se laisse effeuiller sans crainte, détendant ses propres traits en s’offrant sans aucun masque et aucun maquillage. c’est doux mais cela ne devrait pas l’être, cela ne leur ressemble qu’à moitié. puis, comme si un corps avait le pouvoir de captiver l’autre, comme si la pulpe de ses phalanges avait fait naître un feu follet sur ses lèvres, son cœur se tord en un concerto d’émotions. elijah se rapproche, mais il ne devrait pas. lieven demeure immobile, comme s’il attendait quelque chose, comme s’il attendait cela. si ce n’était qu’une simple folie, ce serait celle qu’ils partageraient tous les deux. et alors que tout aurait pu se faire, leurs limites sont atteintes, le geste n’aboutit pas à la rencontre de leurs lèvres. c’est la chose la plus frustrante possible et bien qu’il aurait dû accepter ce choix, il peine à l’entendre tant ses émotions le terrassent, tant le doute persiste, tant il a besoin de savoir si elijah aurait osé l’achever. ainsi, c’est à son tour de saisir son visage, de récolter chaque souvenir de sa peau nacrée puis d’oser se rapprocher pour expérimenter ce que jamais ils ne s’étaient autorisés à faire. approche — qu’ainsi se rencontrent les lèvres lorsque le velouté des peaux est appréhendé, que les fiertés tremblent et que leur royaume s’ébranle sous les peurs insoupçonnées. parcelle d’un instant, bout de rêve, morceau de cauchemar, ne le sait-il plus lorsque le geste est porté jusqu’au firmament, que l’énième promesse est posée sur la dorure des lippes en un délicat baiser. celui qui veut tout dire sans prononcer de mots, celui qui résume tout ce qu’ils ont un jour pu se cacher, qu’importe les raisons et l’origine de leurs maux. ce n’est pas correct, mais rien ne l’est car on ne leur a jamais appris à se laisser, s’abandonner, s’effacer comme un château de sable au bord de la mer. les vagues avaient été nombreuses et salées, immenses, irrégulières, désordonnées mais jamais, au grand jamais n’a-t-il un jour pu penser qu’elles finiraient par les carboniser. alors, c’est toute sa douceur qui rejoint un simple geste proscrit entre eux, c’est toute la suavité d’un désespoir amer qui plonge chaire contre chaire et ça ne dure qu’un instant, que quelques secondes. qu’un maigre instant — mais quel instant. que l’éphémère ne peut plus qualifier tant il brûle l’être entier sous son passage, tend les poils de l’épiderme jusqu’à ce qu’ils forment une armure de plomb et d’aiguilles. ce baiser n’est qu’un bécot qui éclôt des profondeurs de l’âme-tendresse, que confidences auprès du satiné de sa cuirasse-derme, que la remémoration des nuits d’encre qui s’étaient promises doucereuses lorsqu’il s’était endormi auprès de lui. retrouverait-il une telle complicité ailleurs, une épaule plus confortable que la sienne pour y poser sa tête et des plans sur la comète faits en guise de meilleures promesses ? des questions auxquelles il ne veut pas penser et dont il ne veut pas trouver de réponses, car il ne veut pas d’une autre amitié, meilleure que celle-ci ; meilleure que lui. subtilement, pansement que l’on enlève par crainte d’accentuer le saignement si on l’aurait arraché, ses lèvres se distancient des siennes. c’est la marrée qui revient embrasser la terre, qui repart aussitôt, intimidée par la largeur de l’océan dans lequel elle est née. « je peux au moins faire vivre une de mes promesses te concernant. » c’est peut-être mal de l’avoir saisit ainsi pour un baiser impromptu auquel elijah même avait mis fin, mais rien ne fait plus mal que la fin et elle justifiait au moins, l’essai d’un moyen de le préserver en beau souvenir, dans une boite en papier. les paupières goudronnées se ferment, les larmes pèsent plus qu’elles n’en ont l’air et le front posé comme tiare d’épines sur le sien, il se permet de prononcer des paroles insensées : « est-ce que je peux au moins rester chez toi, ce soir ? je ne veux, je ne peux pas rentrer chez moi. » aussitôt, le corps s’évince du sien, proie à la solitude consternante, ressentant encore ses doigts brûler les endroits où ils avaient pu passer. lieven baisse la tête, le blond des mèches ne parvient plus à parfaitement masquer l’expression de ses yeux et il est démuni, la paume rendue cachée auprès de sa propre épaule, comme s’il avait froid sans lui.
@elijah moon
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| | | | | | c'est comme si le diable lui-même s'est emparé de ses sens pour faire valser son âme désemparée au vent. des "sombre" que la brise murmure à ses oreilles et l'ardeur de la découverte de l'inconnu. et si ? "et si ?", qui bourdonne dans les oreilles lorsque les lèvres frôlent le vide et que le cœur devient plus impétueux encore. ironiques, les souvenirs qui effleurent ses pensées, d'une discussion vide de sens mais qui en prend finalement un en ce moment. trop lâche, pour tourner de lui même la tête lorsque les souffles s'apprêtent à n'en faire plus qu'un, mais inconsciemment, il attend. il attend ce qui finit par arriver. il attend cet élan de faiblesse et ils font un pas dans le vide encore. il attend, jusqu'à ce que les lèvres s'effleurent finalement, aussi doucement qu'une caresse veloutée. les paupières retombent, et dans une atmosphère qui se teinte de douceur, les plumes ondulent au gré du vent, ivres de rêves et d'euphorie. il se sent mieux, malgré l'amertume qui dégouline toujours derrière la tendresse de cette étreinte. parce que c'est aussi réconfortant que inquiétant, et que à ses yeux ce n'est qu'un vœu soufflé pour mieux se quitter. une manière de se vouer l'un à l'autre une dernière fois, comme un cadeau d'au revoir et le renouveau d'une nouvelle vie, loin l'un de l'autre. ils s'enlacent dans la peur de ne plus pouvoir le faire encore. c'est tendre, et c'est tout ce qu'ils ne sont pas (( tout ce qu'elijah n'est pas )). c'est la folie, qu'il embrasse d'une avidité refoulée, d'une timidité candide lorsqu'il décolle délicatement ses lèvres et que ses joues rosissent à vue d’œil. au fond des orbes éberluées pétille l’espoir naïf, que le baiser ait l'effet enchanteur de miraculeusement tout changer, pour mieux le garder auprès de lui. mais la vie est loin d'être aussi féerique qu'un conte, la leur du moins. si c'est pas lieven qui part, ce sera elijah. et malgré tout ce qu'ils peuvent écrire pour peaufiner leur histoire - la douceur poignante ou la douleur passionnelle, les lèvres qui se collent ou les doigts qui se griffent -, la fatalité continuera à les attendre éternellement. une promesse, dit-il, et parmi toutes, c'est la plus maudite qu'ils font naître. tiens plutôt ta promesse de rester, lieven, ou laisse moi te suivre jusqu'au bout du monde comme je te l'avais assuré au bord de l'un de nos fous rires. les doigts se décollent presque tristement du visage opalin, et les corps saignent à se laisser même si les âmes demeurent scellées, à se contempler. « oui, lieven. tu sais que je ne te refuse jamais rien. » le "jamais" est amer et il ne l'appelle déjà plus par son diminutif. ce sont les petits détails comme ceux-là, qui semblent heurter le plus. ces petits détails qui semblent tout d'abord anodins, ou qu'on pourrait confondre à un simple oubli, mais qui en réalité ne sont que le masque explicite d'une rage profonde qui menace d'imploser à tout moment. rapidement, il essuie les traces de douleur de ses joues cramoisies, même si les larmes menacent toujours de couler. il fronce les sourcils et détourne le regard ailleurs encore, encombré par les dégâts de ses propres pensées. « reste pour ce soir. et demain fuis, qu'on ferme ce chapitre pour de bon. » qu'il lâche presque dans un murmure, avant de se lever du banc en attrapant son téléphone.
@lieven s. yoon
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