nocturnal animals ★ ─
w/ @Lenny Burrows

Une virée nocturne pour aller taguer, voilà ce dont la jeune femme avait besoin. Une longue session de travail chez Nicola’s l’avait obligée à taper une quantité raisonnable de traces et elle savait que pour ce soir, Morphée ne serait pas son allié. Quitte, par conséquent, à ne pas trouver le sommeil, autant tenter de réaliser cette fresque qu’elle rêvait de réaliser depuis un moment à présent. Elle avait repéré un mur magnifique à Venice, quartier dont la plupart des murs étaient soit consacrés aux tags, soit strictement interdits. C’était évidemment un joli mur de ciment noir qui avait attiré son œil et malgré l’interdiction, elle savait que ce mur ne resterait pas noir bien longtemps car la scène du street-art était vibrante à L.A. C’était donc l’occasion parfaite pour elle de commencer à faire connaître sa patte d’artiste.

Elle avait toujours aimé dessiner des créatures étranges, hybrides,… et les animaux avaient une grande place dans son coeur. Par conséquent, depuis qu’elle avait appris que le dernier rhinocéros de Sumatra était mort en Malaisie, elle voulait faire une œuvre au sujet des rhinocéros. Elle avait donc détaillé son croquis, rempli son sac à dos des bombes nécessaires et enfilé la veste à capuche et les lunettes de soleil qui lui permettraient de s’approcher du mur sans être captée par les caméras qu’elle avait remarquées. Une fois devant le mur, elle serait tranquille.

Après avoir garé sa vieille jeep, elle rejoignit donc son spot, posa son sac contre le mur, baissa la capuche de sa veste et enleva ses lunettes de soleil. Elle attacha rapidement ses cheveux et se mit au travail, heureuse d’enfin pouvoir faire cet hommage. Un écouteur dans l’oreille pour se donner un peu d’inspiration et de motivation, elle dansait presque en graffant, gardant néanmoins l’autre oreille disponible au moindre bruit et moindre danger… car cela restait quand même Venice de nuit et l’emmerdement par un camé de la plage ou par un flic en patrouille était vite arrivé.

La fresque commençait à réellement prendre forme et Vesta ne regrettait nullement d’avoir continué sa soirée. Au fur et à mesure de la peinture, elle s’était aussi permise quelques traces grâce au flacon accroché autour de son cou ainsi qu’à une clé – on était débrouillard ou on ne l’était pas – pour se redonner un coup de fouet quand les bras commençaient à fatiguer. Plus la nuit avançait, plus elle était dans sa bulle et dans son monde ; et plus quelqu’un aurait pu l’approcher en la prenant complètement de cours.

L'écho des pas qui claquent-claquent-claquent contre le sol, le seul bruit perçant la nuit, à l'exception du cri des sirènes qui trompettent et s'étouffent dans une longue plainte au loin. Los Angeles endormie, ou l'est-elle vraiment? Jamais à Boyle Heights le crime ne dort, et les mères épuisées et seules qui se réveillent, s'extirpant péniblement des bras paisibles de Morphée, une nouvelle fois, une énième fois, pour consoler ou bercer le bébé qui s'époumone. Quelques lumières s'ouvrent, illuminant les pièces, signe de vie réel, visible; un verre d'eau ou une caresse oubliés, avant de disparaître de nouveau, aussitôt. Les pas qui claquent-claquent-claquent nonchalement, sans but précis, l'être qui ère, mains dans les poches de son kangourou noir, capuche rabattue sur la tête et écouteurs sur les oreilles. Il en a d'la chance, Lenny, d'avoir la carrure qu'il a, et d'être un homme; il peut s'concentrer et écouter la musique résonner dans ses tympans, plutôt que de se soucier des bruits ambiants, de pas menaçants se ramenant dans sa direction.

Si les journées étaient chaudes, les nuits pouvaient être fraîches, à LA, et il profitait du silence et de l'air (quasiment) pur, de l'oxygène pour remplir ses poumons d'un peu de bonheur et de douceur. La nuit, il découvrait la ville qui l'avait vue grandir, et chaque fois sous un angle nouveau. Des heures durant, il errait sans but précis, donnait quelques pièces ou se laissait tenter par un café qu'il offrait ensuite aux sans-abris qu'il rencontrait sur son chemin, emmitouflés et seuls, terriblement seuls.

Et ce soir, après avoir traversé les transports en commun au beau milieu de la nuit, Lenny s'attardait à un quartier côtier, Venice. Ambiance bohème qui régnait même la nuit. Il s'attardait à tout et à rien, Lenny. Il regardait tout, sans laisser son regard s'attarder très longtemps. Ou bien il s'arrêtait, contemplait de longues secondes, qui se transformaient parfois en minutes, et il reprenait son chemin, fier, heureux d'avoir assisté à une telle scène, peu importe de quoi il s'agissait.

Et ce soir, son chemin en croiserait un autre. Tous dormaient, sauf lui et elle. Il s'était arrêté, avait mis sa musique sur pause et retiré ses écouteurs, rangeant les fils et le téléphone dans les poches de son kangourou, observant, la scène qui se déroulait sous ses yeux; l'oeuvre qui prenait vie sur ses yeux contemplatifs, admiratifs. Quelqu'un - il n'savait trop s'il s'agissait d'un homme ou d'une femme, en raison de la distance où il se trouvait, c'est à dire sur l'autre trottoir derrière, quelqu'un taguait un mur pour former une immense et magnifique fresque d'un rhinocéros. Les couleurs brillaient dans la nuit noire. Et de sa position, s'approchant de quelques pas, désirant traverser la rue pour observer de plus près, il héla l'artiste : « Hey, toi! »

@Vesta Borges

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w/ @Lenny Burrows

Vesta commençait à être plutôt fière de son travail et prenait de plus en plus régulièrement de la distance pour voir comment donnait son graffe, vu d’un peu plus loin. Ayant donc l’impression d’être un peu plus en contrôle de son espace, elle faisait moins attention aux personnes qui auraient pu l’observer et ne vit donc pas arriver Lenny qui l’avait observée pendant un bon moment graffer, probablement danser aussi…

Ce n’est que lorsqu’il la héla qu’elle se rendit compte qu’il y avait bien quelqu’un. Croyant d’abord à un flic, au vu du ton et de la manière de formuler l’appel, on était quand même plus sur le « hé, toi là, arrête toi » d'un flic que sur le « madmoiselle... » d'un dragueur. Elle attrapa donc son sac sans regarder derrière elle, s’éloignant instinctivement de la voix de quelques enjambées de course, prête à sprinter si il le fallait. Mais après quelques pas de recul et un regard sur l’homme, elle fronça un peu les sourcils. Déjà il était seul et un flic seul à cette heure-ci c’était impossible, et puis en plus il avait plutôt un look de mec lambda ou alors peut-être de dealos mais elle n’était pas sûre. Gardant donc ses distances, elle fronça un peu les sourcils à nouveau, les pouces accrochés aux lanières du sac à dos sur ses épaules. Un peu une position de garçon de dix ans mais sur elle ça avait son charme. « Ouais, tu veux quoi ? » demanda-t-elle, toujours prête à prendre ses jambes à son cou si la situation le voulait. « T’es un flic ? » demanda-t-elle pour la forme car même si il n’était pas en uniforme ou même en service, il pouvait toujours se prendre pour le justicier du soir et essayer de l’appréhender en civil.

Il y avait quelque chose d’animal dans le comportant physique de Vesta, prête à prendre ses jambes à son cou, farouche ; elle n’était pas comme elle était quand elle était avec le gang ou même qu’elle bossait pour le gang. Elle était plus nerveuse, moins sûre d’elle parce qu’ici, elle ne savait pas sur quoi elle pouvait tomber alors que pour son boulot de dealeuse et même pour les mecs qui venaient au stripclub, elle savait ce qu’elle faisait. Dévoiler son art et explorer ce monde nocturne là, c’était encore autre chose. Elle ne connaissait pas encore bien les lieux, les us et les coutumes et ce mec qui l’appréhendait pouvait tout aussi bien être un graffeur faisant partie d’un collectif qui aurait claim ce mur pour eux et dont elle n’aurait tout simplement pas été au courant.

Animal sauvage surpris par un chasseur assoiffé de sang et d'adrénaline, ou enfant pris en flagrant délit de sa bêtise, la silhouette réagit en un quart de tour au son de la voix de Lenny, qui avait percé la nuit de son silence. La vitesse de réaction est si rapide que l'homme peine à réaliser que l'artiste s'enfuit, cherchant visiblement à marquer une distance notable entre eux deux, prête à s'éloigner de la menace, pourtant inexistante, que représente le barbu. L'agressivité dans sa voix - une voix de femme - et la tension qu'elle dégage dans son langage non-verbal, dans la position qu'elle arbore, proie prête à sauter pour s'éloigner, pour sauver sa vie du danger imminent. Cette réaction de la part de cette parfaite inconnue, farouche et incertaine, soutire un sourire amusé au trentenaire, qui fait un pas en avant, les mains dans les airs, en guise de drapeau blanc. T'es un flic? J'ai l'air d'un flic? Avec son kangourou et sa capuche sur la tête, l'écouteur dans une oreille qu'il retire aussitôt pour fourrer dans le creux de ses poches, il n'avait rien d'un policier en service. Ou bien undercover, mais n'aurait-il pas mieux à faire que d'attraper des p'tits voyous au beau milieu de la nuit qui s'amusaient à peindre les murs? Et un pas de plus vers elle. Nervous much? Ça va, tu peux te détendre. L'âme d'artiste en lui était fasciné par le talent de la jeune femme et le résultat de la fresque; chose qu'il serait tout à fait incapable de réaliser, malgré son talent pour le dessin. T'avais tellement l'air dans ta bulle v'la quelques minutes, qu'un vrai flic t'aurais mise K.O en deux secondes. Tu devrais faire plus gaffe. Et l'jeune homme fait un dernier pas, diminuant la distance plus tôt établie par la jeune femme, attendant la réaction de celle-ci. Elle pourrait décider de fuir, ou de t'envoyer chier. Elle avait l'profil d'une sauvage, celle-là.

@Vesta Borges désolée pour l'attente et pour la longueur (c'plus court), j'espère que ça t'ira

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w/ @Lenny Burrows

Vesta se détendit un peu en se rapprochant du mec. Elle avait une tendance à se détendre face à l’arrogance et au cynisme car elle savait que ça, elle pouvait le gérer sans problème. Quelqu’un de fou et d’imprévisible était bien plus dangereux pour elle que quelqu’un qui utilisait ces mécanismes de défense. Enfonçant ses mains dans les poches de son sweat, elle retira sa capuche. « Ok, t’as pas l’air d’un flic. » dit-elle en plissant un peu les yeux. Il était joli garçon mais elle sentait l’agacement monter dans sa manière d’être à la fois dédaigneux de sa réaction qu’il trouve trop nerveuse et ensuite, en contradiction complète, lui dire qu’elle devrait faire plus attention. Son front lui fait presque mal tellement son sourcil droit se lève avec incrédulité. De quoi se mêlait-il ? Elle se mit à chercher ses poches, de sa veste, de son jeans, avant de relever les yeux vers lui. « Excuse-moi, je cherche hein… Mais je trouve pas où je t’ai demandé ton avis en fait. » dit-elle. Si il voulait jouer la carte du cynisme, elle pouvait complètement le suivre sur ce terrain là. Même si il avait raison et qu’elle détestait foncièrement que ce mec qui se mêlait de ce qui ne le regardait pas avait raison… Elle s’était laissée emporter par la peinture et la musique, et c’était malheureusement toujours le cas en fin de soirée. Heureusement, généralement la fin de la nuit était moins propice aux dangers pour elle et elle était toujours rentrée de ses escapades artistiques saine et sauve. Passant devant lui, elle revint à son graffe et prit un peu de recul pour voir ce que ça donnait. Elle n’était pas mécontente de son travail. Reprenant son blanc, elle fignola quelques reflets avant de regarder le jeune homme qui ne semblait pas décider à partir. « Tu avais encore quelque chose à dire peut-être ? » Elle n’avait rien contre ce mec dans le fond mais cela rendait défensif de se faire prendre de court avant de se faire pointer du doigt des manquements à son comportement… On serait on edge pour moins que ça.

[hj : c'est très bien   ]