Le trajet de Santa Monica vers Boyle Heights m’a semblé plus long qu’à son habitude. J’ai la tête en vrac. Le cœur à l’envers. Tomber sur Andres sur la promenade m’a secouée. Physiquement. Et mentalement. Parce que j’avais réussi à oublier pendant un moment. La culpabilité qui noircit mon cœur. Les taches de sang sur mes mains. Les cris. Les coups de poings et les jambes tremblantes. La voix qui se serre. La voix sauvage. L’œil mauvais. L’odeur de cigarette de d’alcool dans la maison. Le goût du fer sur ma langue. Ils disent que le passé trouve toujours un moyen de nous rattraper. Moi, j’ai littéralement fait un face à face avec lui et bien failli me disloquer l’épaule au passage. Ses mots me trottent dans la tête. J’me rends compte qu’il avait raison. J’lui ai carrément foutu un couteau dans le dos au sens littéral. Je m’arrête un instant devant la porte de chez moi. J’ai besoin de souffler avant d’entrer. J’entends de la musique. Un léger sourire s’installe sur mes lippes. Avec Avana et Nina dans la même maison, l’une qui adore chanter et l’autre qui pourrait danser pendant des heures, on peut dire que ça met pas mal de rythme. Et de joie aussi. Ça m’allège le cœur. J’entre rapidement et enlève mes rollers, chatouille rapidement Karla, ébouriffe les cheveux de Juan. Un baiser sur la joue pour maman. ¡Buenas tardes mi familia! Au fond, ma grande famille, je l’aime.