L’appréhension du tout premier contact se hisse en tête de mes sentiments. C’était trop beau. Une communication sans défaut. Un rythme qui m’a séduit. Un homme qui pulvérise tous les clichés sur l’apparence physique. En définitive, je ne sais toujours pas qui tu es. Un grand point d’interrogation. Une énigme à résoudre, en partant du principe qu'une solution existe. La nervosité qui se décuple, je peaufine mon look d’une paire de boucles d’oreilles onéreuses et en avant l’aventure. J’étais sérieuse Lenny. Ce bar-bowling ne sera qu’un apéritif. La suite des festivités, ce sera dans ma villa, plus précisément, dans ma piscine. Tout dépendra de nos préliminaires en public. Qui sait ? Peut-être que le feeling ne passera pas en direct live. Un jean d’une marque célèbre moulant mon postérieur ainsi qu’un simple débardeur blanc pour le haut, je quitte mon terrier luxueux en direction de notre lieu de rendez-vous. Assise au volant de ma décapotable, mes cheveux dansent avec le vent. Los Angeles se pare de nouvelles couleurs avec le soleil qui décline. Dangereusement, je m’imprègne de cette atmosphère particulière en fermant furtivement les paupières. Mes doigts tapotent la carrosserie de ma portière sur le rythme d’une chanson qui tourne en boucle dans mon crâne. Et puis les kilomètres se réduisent. Les pneus usent Hollywood Boulevard qui trépigne. Une place se libérant non loin du bar, je m’y faufile et éteins le moteur. C’est parti, que la magie opère, ou pas. Arrangeant mon foulard autour de mon cou, je pénètre dans cet endroit encore jamais visité. Je voulais que du neuf ce soir, aucun souvenir pour bousiller notre rencontre. Mes yeux examinant la pièce étroite, je pense enfin distinguer ta silhouette à une table. Ouais, ça colle avec ton portrait photo. Quelques pas et j’attire ton attention « Bonsoir, la place est libre ? » Ma main qui enveloppe le dossier, mes yeux ne cessent d'explorer tous les détails qui te caractérisent. « Ma barbe aurait besoin d’un petit rafraîchissement, j’voudrais le devis d'un expert » @lenny burrows

Lenny errait rarement dans les quartiers chics et luxueux d'Hollywood. Pion noir au milieu de tous les blancs, il détonnait par son style vestimentaire épuré, alors qu'il collait parfaitement à l'image de Boyle Heights. L'avantage d'une application de rencontres est qu'elle permet d'omettre les divisions sociales, de franchir la barrière humaine entre deux personnes que tout pourrait séparer. Malgré une confiance en lui plutôt inébranlable, croiser Augusta dans d'autres circonstances aurait pu freiner le trentenaire dans son élan. C'était comme les auditions à l'aveugle de The Voice, là où les juges n'avaient d'autre choix que de se fier à leur jugement, à leur instinct. Et le premier feeling de Lenny vis-à-vis de la brunette avait été de se retourner sur son passage, de l'accoster, et d'accepter l'invitation, sans même hésiter. Et l'appréhension, l'excitation, la fébrilité étaient au rendez-vous. C'est dans un appareil bien plus simple et au volant de son bébé, de sa moto, qu'il s'était amusé à faire briller plus tôt dans la journée, qu'il frôle le Hollywood Boulevard, en direction de l'adresse indiquée par la pulpeuse Augusta. Bowling comme planning de la soirée, c'est amusant d'y penser, premier rencard à la 1970. Il n'avait même jamais mis les pieds dans un tel endroit, Lenny n'avait aucune chance contre l'instigatrice de l'idée. Avec beaucoup moins de chance que d'habitude, aucune place ne se libérait à proximité de l'endroit pour que le jeune homme y ranges sa bécane... il tournait en rond, s'impatientant jusqu'à décider d'aller plus loin et de marcher la distance qui le séparerait du bar. Malgré tout, c'est avec quelques minutes d'avances sur l'heure prévue du rendez-vous qu'il prit place à une table du bar, après s'être assuré que l'adresse était la bonne. Aucun doute là-dessus, c'était bien ici. Une voix féminine l'interpelle, il lève le regard vers la silhouette qui lui aurait arraché un soupir d'admiration si sa tête n'était pas intervenue à temps pour l'empêcher d'exprimer sa fascination à voix haute. Elle était sublime. Le cerveau qui met un moment à se réanimer, retrouvant enfin ses capacités vocales: Elle ne l'est plus désormais. Son regard ne la quitte pas, attendant patiemment qu'elle prenne place devant lui. Et j'suis supposé donner mon expertise gratuitement, sans rien en échange? Lenny humecte ses lèvres, un sourire naissant à la commissure de celles-ci, alors qu'il se penche sur la table, bras accoudés sur le bord; il analyse, observe, admire, subjugué par tant de beauté.

@Augusta Hargraves

Je rentre le ventre, gonfle la poitrine. Les premières secondes sont les plus importantes. Un pas calculé après l’autre, je parade pour les mâles présents, mais le seul qui m’intéresse ici, c’est toi. Mon parfum de séduction planant dans les airs, je me pointe à la table que tu as choisie. Tu es en avance, excellent point. Et cet endroit à la décoration plutôt masculine et grossière semble avoir été conçu pour toi, homme viril. Le tableau est parfait, mais je viens le gâcher, moi, la tâche indélébile. La nouvelle riche aux lèvres rouges d’Yves Saint Laurent entre en jeu. C’est comme si j’étais attirée et nostalgique de mon passé, revenant à lui et vers ses difficultés en t’adressant la parole. Toi et moi, on est toutefois fait de la même étoffe. Deux galériens. Deux battants. Même si le courage s’enfuit en ton approche, je me force à bien vouloir me réunir pour éviter les balbutiements de vierge confuse. Pourtant, je suis bien plus impressionnée que je ne le montre. Tous ces dessins qui tapissent ton épiderme, cette barbe épaisse qui souligne ta mâchoire carrée .. Je pourrais facilement perdre les pédales et me ratatiner. Heureusement, la mélodie de ta voix stimule enfin mes tympans réactifs et je prends place face à toi, déjà moins nerveuse. Équipée de ma maladresse légendaire, nos genoux s'entrechoquent en m'installant « Oopsie ! » Mes jambes se contentant de moins d’espace, j’pose mon menton dans le réceptacle formée par mes deux mains jointes, poignet contre poignet. « Que désires-tu ? Une bonne bière pour démarrer ? J’préfère y aller crescendo sexy Lenny, qu’on finisse éventuellement en feux d’artifices bien plus tard » Mes minces sourcils remuant et modifiant mon regard, une de mes canines s’enfonce dans ma lippe inférieure. « Qu’en dis-tu ? Es-tu patient en plus d’être ponctuel ? » Un air enjôleur et léger scotché à ma frimousse, je claque des doigts pour intercepter un serveur qui daigne bien vouloir faire son boulot. Snob ? Non, juste un peu. @Lenny Burrows

Premier contact, celui des genoux qui s'entrechoquent le temps d'un instant. Contact rapide, la chaleur de la proximité des genoux, de la friction traverse le jeans de Lenny, dont le sourire s'élargit à l'innocente excuse de la jeune femme, qui l'observe, regard appuyé sur lui, regard si intimidant qu'il détourne le sien, fixant ses mains quelques secondes. Il est rarement déstabilisé, le barbu et pourtant. Une fois ne fait pas exception. Lenny relève la tête, ses yeux rencontrant ceux, d'un brun lumineux et éclatant, d'Augusta. Inutile de m'appeler sexy Lenny toute la soirée, autrement mon ego risque de gonfler avant la fin de la nuit. Un rire à son adresse, qui se transforme en sourire, collé au coin de ses lèvres. Une bière pour commencer, ça fait bien mon affaire. Feux d'artifices... il se demande ce qu'elle peut bien avoir en tête, à cet instant. La curiosité le ronge, agréable sensation au creux du ventre. Il lui faut quand même reprendre ses esprits, les regards de braise et les sourires malicieux... il y échappe lorsqu'elle interpelle le serveur, à qui Lenny n'aurait pu être plus reconnaissant. Augusta, c'est le feu. Un feu qui brûle, sans jamais s'éteindre. Il se râcle la gorge, cherchant ses mots avant de balancer n'importe quoi et d'avoir l'air d'un parfait idiot, de l'adolescent qui a du mal à contrôler ses ardeurs. Si tu me regardes comme tu le fais tout la soirée, je vais avoir du mal à être patient. Il s'humecte les lèvres, incapable de retenir un rire qui s'échappe d'entre ses lippes. Tu m'expliques comment tu fais? Pour prendre le contrôle, rien qu'en apparaissant dans une pièce?

@Augusta Hargraves

Le corps qui se courbe, s’imbrique dans ce fauteuil, nos rotules se frôlent et se saluent poliment. Quelques regards sont encore en ma direction et je m’en sustente, que dis-je je les savoure et jubile intérieurement. Augusta, femme du soleil, éblouissant tout sur son passage entre en chasse. Ce n’est pas une question d’habitude, mais de nature. Mon statut de proie est révolu. Je suis une prédatrice, assoiffée de flatteries et du désir de vous autres, les hommes. Regarde-moi Lenny, ne sois pas si timide mon grand. Déguste-moi comme tes congénères le font, je n’y vois aucun problème. « Ah, je comptais faire gonfler autre chose, mais ton ego, c’est déjà un bon départ » Le sous-entendu flottant entre nous, j’enregistre ton souhait et ordonne à un sous-fifre de venir prendre notre commande. Claquement de doigt autoritaire et le jeune homme accourt. « Deux bières, dont une avec grenadine » Aucun remerciement, mon regard irritant fait décamper l’intrus de notre soirée. Volontairement, j’instaure un climat tropical entre nous et entrevois rapidement les effets sur ton comportement. J’avais faux sur toute la ligne. T’es moins revêche et confiant que je ne le pensais. Comme un adolescent encore incertain sur tout son potentiel. « L’assurance Lenny. Savoir ce que l’on veut et être intimement convaincu que l’on obtiendra ce que l’on convoite. » Ma langue roulant contre mes dents, mon numéro calculé se poursuit. Un geste souple et je fais basculer ma chevelure d’un autre côté de mon visage typé. « Et surtout, il faut se montrer quasiment .. inatteignable. Laisser planer le doute sur un possible rapprochement, mais faire en sorte d’être trop proche des Dieux pour être accostée. » Les cils qui battent à toute vitesse, j’attrape finalement ton poignet pour allonger ton bras tatoué sur la table. « Tu as de la chance, j’fais une exception pour toi ce soir, vilain mortel » Le pouce qui presse ton pouls, je l’évalue rapidement tout en observant les dessins incrustés dans ta peau. « Une oeuvre vivante .. Splendide. »  @Lenny Burrows  

Partagé entre l'intérêt et la crainte, entre l'attirance et l'inquiétude. Splendide déesse, plus grande que nature, sa confiance émane et ramasse au passage tous ceux présents dans la pièce, hommes comme femmes. Les premiers la désirent, les deuxièmes l'envient. Réaction inévitable face à une beauté presque surréelle, indescriptible, insaisissable par la prestance qu'elle dégage. Se secouant les idées, un rire nerveux s'échappe d'entre ses lippes scellées. Elle n'y va pas par quatre chemins, c'est intimidant et pourtant... Lenny y est attiré par une force invisible, plus puissante que tout le reste. Finalement, il expulse le surplus d'air contenu dans ses poumons. Soulagement éphémère. Tu as l'esprit bien plus tordu que je ne pensais. Dans le bon sens ou le mauvais? Le palpitant qui s'active tout de même, la beauté le manipule contre son gré. Loin d'être désagréable, c'est plutôt difficile à accepter, pour quelqu'un qui est généralement en contrôle de ses moyens. À peine polie, c'est quelque chose qui le rebute un peu, mais l'instinct primaire est plus fort, les hormones le contrôle bien malgré lui, ce qui le dégoûtera probablement de lui-même plus tard. Hypnotisé. La question ultime... toi, es-tu convaincue que tu obtiendras ce que tu convoites? Que convoitait-elle? L'attention? La réaction des hommes sur son passage? Un rire franc lui échappe finalement, tandis que la jeune femme saisit fermement son bras. Vilain mortel, tu as de la chance. La chance d'être envoûté? J'vais pas te mentir. J'ai un peu perdu mes moyens en te voyant arriver, comme ça. Son corps se penche au-dessus de la table, se rapprochant d'Augusta, un sourire amusé carnassier sur les lèvres. Mais.. je dois t'avouer que j'aimerais bien pouvoir reprendre le contrôle de moi-même... si tu vois ce que je veux dire. Et leur commande qui arrive au bon moment, alors que Lenny ravale sa salive, affrontant du mieux qu'il le peut le regard ténébreux, profond, envoûtant.

@Augusta Hargraves