Première semaine de cours et pour cette avant dernière année, le ton était donné, dès notre reprise on allait devoir faire un projet répondant à des critères sociaux, mais compatible avec nos désires futur. Le projet devait-être monté et présenté d’ici la fin de la semaine prochaine afin de noter sa pertinence, puis de nous laisser guider ce projet tout au long de l’année avec comme espoir qu’il soit validé par l’université pour devenir un programme permanent. L’idée fut rapidement trouvé, pour la mise en place en revanche, je remerciais les longues soirée au café qui me permettait de réfléchir à tout ça sans avoir peur de faire une connerie. Aujourd’hui, c’était l’heure de trouver des cobaye, enfin cette semaine car j’avais déjà eu quelques oui et beaucoup de refus, à vrai dire, il me manquait que deux intervenants et après avoir fait presque tout les professeurs de cette université, l’on me conseilla d’aller voir en Astrophysique. Me rendant à l’endroit, je dus attendre une bonne heure que le cours s’arrête, qu’une partie des étudiants sortent avant de voir un homme plus âgé quitté les lieux. Me présentant alors à lui, je répétais pour une énième mon discours, expliquant bien tout jusqu’à ce qu’il ne me dise avoir mieux à faire, mais qu’un de ses étudiants pourrait peut-être faire quelque chose pour moi. Il était d’ailleurs encore dans l’immense salle de cours et il était brun et s’appelait Drew. Essayant de ne pas tiquer sur le fait que dans la bouche de l’homme, être un étudiant semblait-être une preuve d’inactivité, je rentrais dans la salle, trouvant rapidement l’homme que je cherchais non sans remarquer au passage que pour une tête il semblait vraiment pas mal.

Enfin je n’étais pas là pour ça, j’avais besoin de son cerveau, pas de ses abdos… J’adorais vraiment l’été et l’obligation d’ôter les pulls. M’avançant alors vers lui, je m’assis sans trop demander l’autorisation sur le bureau pour finalement le regarder avec un grand sourire charmeur, « Si je me fis à la description que ma fait ton prof, ou le prof de cette salle, tu es Drew et tu es sans doute l’homme qu’il me faut. » déclarais-je avec une joie évidente dans la voix. « Je m’appel Alex, je suis en socio et je dois présenter un projet pour la fin de la semaine et surtout essayer de le rendre viable. Pour t’expliquer un peu, j’aimerais mettre en place un programme de soutiens scolaire pour les étudiants les plus en difficulté. Je crois que tu sais très bien ce que ça fait de gérer une vie, un taff, les études et parfois y’a des cours plus compliqués que d’autres, du coup l’idée c’est avec des profs ou des référents volontaire, faire des permanences toute les semaines et se rendre disponible pour expliquer un peu mieux quelque chose. », c’était un peu plus simple de présenter ca à quelqu’un qui semblait avoir mon âge, bon c’était pas non plus impossible d’en trouver ici, j’étais pour tout dire un des élèves les plus âgé, mais ça n’en restait pas moins plus simple.

« Je voulais savoir du coup si je pouvais te laisser l’ébauche du projet pour que tu puisses le lire et peut-être me dire si oui ou non t’accepterais d’être notre référent en physique pour cet essai ? » ma voix c’était fait plus mielleuse sur la fin, on va pas se mentir c’était bien le genre de mec que j’aurais pu essayer de me faire, mais le travail avant tout et entre une distraction ou mon avenir avec l’implication que j’espérais avoir, je choisissais l’avenir.

On ne peut pas accuser Drew d’être très attentif, aujourd’hui. Il n’a plus beaucoup de cours à passer pour valider son année et les classes d’été sont censées lui donner plus de temps pour se concentrer sur sa thèse dans les prochains mois, mais… Il fait trop chaud pour qu’il arrive à se concentrer, aujourd’hui. Au point que quand le professeur met fin à sa lecture, le jeune homme ne se précipite pas tellement pour quitter la salle. Il a manqué une partie des informations et reste un moment à observer la page blanche de son bloc-note en se désolant d’être dans un tel état alors qu’il est si proche du but final.

Il regrette légèrement de ne pas être sorti de là en quatrième vitesse quand, alors qu’il range enfin ses affaires, un type vient se planter près de lui et se met à parler. Monologuer serait plus proche de la vérité. C’est à peine s’il s’arrête pour respirer et Drew, perdu, l’observe sans rien dire du début à la fin, les yeux écarquillés comme seul signe qu’il a écouté. “Y a déjà un système de tutorat organisé dans chaque département, t’es au courant ?” Ce sont les premiers mots que Drew s’autorise à lâcher quand il devient évident que c’est à son tour de parler. Il n’est pas volontairement désagréable, mais… C’est important de le signaler, non ? Que ce pauvre type ne perde pas des heures sur un projet qui ne servira pas ? “Sans compter que je suis déjà l’assistant du prof qui vient de t’envoyer promener et que je dois présenter ma thèse à la fin de l’année, donc… Je doute d’avoir le temps de t’aider.”

Il n’est clairement pas dans le bon état d’esprit pour rendre service ce matin et, soyons honnête, l’approche de l’autre étudiant est légèrement trop… intrusive et étouffante. Pourtant, en croisant son regard, le jeune homme ressent une légère culpabilité. Il pince les lèvres et regarde ailleurs, agacé d’avance. “Désolé… Alex, c’est ça ?” s’entend-t-il dire alors qu’il n’est pas tellement désolé, franchement. Ce n’est pas sa faute s’il n’a pas le temps, après tout. “J’aurais vraiment voulu t’aider, mais…” Il hausse les épaules, lance un regard désolé à l’homme et termine de ranger ses affaires, persuadé que sa réponse est assez claire pour faire fuir ce Alex.

J’avais fini par me demander si il allait me répondre, après ce n’était peut-être pas tellement de sa faute, je voulais tellement trouver quelqu’un que j’avais peut-être étouffé l’homme devant moi, mais je n’y pouvais rien, j’avais ça en tête. La reponse qu’il me fournit était celle que j’avais déjà du entendre, un peu trop souvent à mon gout et si je comprenais qu’il puisse être occupé, je n’en étais pas moins déçu. Encore une fois l’on ne trouverait pas de solution miracle ici, pas avec ce genre de mentalité. Le regardant donc se détourner, il s’excusa, affirmant qu’il aurait voulu m’aider, mais que… Mais que rien. « Tu sais que 31 % des étudiant n’obtiennent pas leur diplôme. À 30 000 dollars l’année en moyenne ça fait beaucoup de chômeur endetté et sans diplôme. », je cherchais peut-être à le retenir, c’était même sur, car après lui je ne voyais pas vers qui me tourner.

« Les tutorat sont honoré par certains professeur dans le meilleur des cas, mais bien souvent par des élèves d’à peine une année de plus. Les départements ne savent pas coordonnée les formations complémentaire et c’est pas individuel. Tes questions sont pas celle de ton voisin, mais t’as qu’une heure avec lui. » ce qui poussait à décrocher, ou à rater. « Moi je te parle de soutiens scolaire, d’une forme moins rigide, s’adaptant aux besoins éducatifs et pouvant peut-être aussi apporter un soutien psychologique. », quelque chose de plus humain au final, se basant sur des vrais besoin, pas juste sur des illusions. « Si tu peux pas tu connais pas quelqu’un qui soit en dernière année et qui pourrait au moins assurer des permanences en physique ? » demandais-je dans un sourire penaud, « Ou je sais pas, tu me laisses te payer un verre pour décompresser de la journée et me laisser une chance de te prouver que c’est important. », la vie ne pouvait pas commencer par un échec, du moins pas professionnellement.

« J’ai tendance à être un peu déterminé quand quelque chose me tient à coeur, mais si tu peux, ou veux pas, tu peux aussi me dire non, tu seras pas le premier et je t’en voudrais pas. Même si je doute que le fait de t’en vouloir puisse te déranger au final ! » concluais-je dans un rire se voulant rassurant, mais aussi dédramatisant. Je refusais d’être chiant, pas pour mes projets. J’apprécierais juste de pas être laissé en plan, ou d’avoir une porte de secours, mais je comprendrais si ça lui allait pas.

De toute évidence, Drew ne s’est pas montré suffisamment clair. Ou peut-être que l’autre homme est vraiment prêt à tout pour avoir ce qu’il veut. L’un ou l’autre… Difficile pour le doctorant de ne pas perdre patience, en tout cas, quand malgré son refus poli, son assaillant ne lâche rien. “Je n’en savais rien, non.” lâche-t-il, un peu plus fermement, dès que l’autre lui balance des statistiques. Il a l’air d’avoir bien bossé son sujet, tant mieux pour lui. Drew aussi connaît quelques petites choses de la vie à l’université, il y passe tout son temps depuis plus de dix ans, après tout. “Il y a toujours les heures de bureau. Qui sont à la fois assurées par les professeurs et leurs assistants. Je reçois la plupart des étudiants qui suivent mes cours deux à trois fois par semaine en rencontres individuelles.” explique-t-il, de moins en moins patient. “S’ils ont des questions ou des incompréhensions sur ce qu’on fait en cours, ils n’ont qu’à le demander.” Et puis, il faut tout simplement voir la vérité en face : tout le monde n’est pas fait pour les études supérieures. C’est comme ça, voilà tout. Drew ne voit pas pourquoi ce serait de sa responsabilité de changer cet état de fait…

Malheureusement, l’autre semble convaincu que c’est bel et bien le rôle de tout un chacun d’effacer les inégalités. Lâchant un soupir las, Drew lève les yeux vers lui alors qu’il se lance dans un nouveau monologue pour justifier qu’il soit aussi agaçant. Au lieu de l’écouter avec attention, Drew se surprend surtout à constater que ce type n’est pas tout à fait désagréable à regarder. Il a un style bien à lui, qui doit difficilement passer inaperçu, mais… Ouais, c’est un beau morceau. C’est la principale raison pour laquelle il est un peu moins vindicatif lorsque le silence retombe. Il lui faut certes plusieurs secondes avant de se décider, mais il fait un véritable effort dont il doute que l’autre reconnaîtra à sa juste valeur. “Ok, écoute… T’as de la chance, je n’ai rien de prévu ce soir, alors va pour un verre. Ou plusieurs, si tu continues de parler autant. Je doute pouvoir fabriquer des heures supplémentaires à accorder à ton projet, mais ça ne coûte rien d’écouter…” Il se lève enfin après ça, montrant sans l’ombre d’un doute son intention de partir rapidement. “Je dois passer chez moi faire quelques trucs. Je te retrouve au café en face de ce bâtiment dans une heure, ok ?” Qu’Alex soit d’accord ou non, il n’a pas l’air d’avoir tellement le choix.

Je l’emmerdais, je le savais, je le voyais, il contrait mes arguments, me faisait douter même et finalement j’avais fini par croire que c’était mort, qu’il ne me dirait rien d’intéressant, rien qui puisse me faire croire que j’avais une chance, du moins jusqu’à ce qu’il ne me dise ok pour venir boire un verre et même si il ne croyait pas pouvoir me trouver du temps, ça ne coutait en effet rien d’écouter. Retrouvant donc le sourire, je sautais presque sur place alors qu’il nous donnait rendez-vous au café d’en face dans une heure. « Super merci ! T’es génial ! » soufflais-je donc avant de disparaitre pour essayer de trouver la dernière personne que je cherchais pour essayer de la convaincre en vain, impossible de la trouver. Rentrant donc chez moi sur les quarante cinq minutes qu’il me restait, pour me changer et mettre quelque chose de plus approprié pour sortir. Me rendant donc au café avec cinq minutes d’attentes, je n’eus pas vraiment à attendre longtemps pour que l’homme arrive. Lui affichant alors un sourire, je fis quelques pas pour m’approcher. « Merci d’être vraiment venu. » déclarais-je alors avant de regarder autour de nous, « Tu veux qu’on reste ici ou tu veux qu’on aille ailleurs ? » demandais-je alors.

« C’est moi qui t’invite, c’est la moindre des choses, alors pas de chichi, fais toi plaisir ! », et sur ce point là j’étais sérieux, surtout que bon, si je n’arrivais pas à l’avoir pour mon projet, peut-être au moins serait-il de passer un bon moment et par bon moment je parlais évidemment de quelque chose de plus physique. Alors oui, il n’y aurait aucune déception à ce qu’on reste sagement là à parler, mais on allait pas mentir sur un point, ce mec était vraiment beau à regarder et sans désir d’aller plus loin socialement, c’était naturel de penser à des choses plus agréables, enfin d’après moi. « Je dois attendre que t’ai un verre dans les mains pour reprendre mon exposé ? » demandais-je en souriant avant de l’épargner, je verrais ça après, « Du coup t’es en dernière année c’est ça ? Tu sais déjà ce que tu voudrais faire après ? » lui demandais-je alors, réellement intéressé par la réponse.

Avant que sa faiblesse ne se retourne contre lui, Drew prend la fuite. Il n’est jamais rentré chez lui aussi vite. Cette solution n’est que temporaire, mais plus il y a d’espace entre lui et l’autre étudiant, mieux il se porte. Pour la suite… Il compte profiter d’un verre gratuit - ou plusieurs - et trouver une façon plus ferme de refuser son offre. Il va à reculons quand se présente l’heure du rendez-vous, mais ne parvient pas à se présenter en retard. C’est contre sa nature de faire montre d’un tel manque de respect à quelqu’un, même quand il n’a pas envie d’être là. Comme dans la salle de classe tout à l’heure, Alex semble particulièrement enjoué. Drew commence à croire qu’il s’est pris un sacré paquet de refus dans sa longue quête de tuteurs pour des cours particuliers. Il compte bien s’ajouter à la liste, mais il se sent d’autant plus coupable de rajouter à sa peine. “Je tiens toujours mes engagements.” déclare-t-il, très sobrement. Il regarde autour d’eux, même s’il ne voit pas trop ce que le jeune homme peut vouloir de plus qu’un bon café. Il est d’autant plus perplexe qu’Alex se sent obligé de préciser qu’il compte payer les consommations. “C’est un peu ce que tu m’as promis pour me faire venir, alors j’espère bien que tu comptes payer…” souffle Drew, sourcils froncés. “Une bière, ça te tente ?” propose-t-il en avisant un genre de bar un peu plus loin. Il n’y a jamais mis les pieds, mais il n’est pas là pour faire du tourisme de toute façon.

Et sans attendre vraiment la réponse de l’homme, il se met en chemin vers le bar en question, rapidement rattrapé par l’autre. Qui ne perd vraiment pas le nord, au passage. Drew lui lance un regard en coin, clairement irrité. “On sera assis dans une minute et je te promets de rester jusqu’à ce que t’aies eu le temps de me présenter ton projet dans le moindre détail.” assure-t-il en levant les yeux au ciel. “Et oui, j’entame ma dernière année à la rentrée. On n’a pas des centaines de débouchées en astrophysique, donc je ferai probablement de la recherche et de l’enseignement.” Il ouvre la porte du bar et laisse Alex rentrer le première, tandis qu’il lui tient la porte et entre derrière lui. Il le laisse choisir une table, s’assoit face à lui. “Et toi, alors, tu étudies quoi exactement ? Je ne savais pas qu’on avait un programme spécialisé dans le harcèlement des doctorants dans cette fac !” Ses mots n’en ont pas l’air, mais le sourire sur ses lèvres laisse deviner que c’est bel et bien une blague. “Qu’est-ce que tu veux exactement ? Des cours de soutien pour quel niveau ? Combien d’heures minimum par semaine ?” Il n’est toujours pas motivé à se laisser tenter, mais… ils sont là pour en parler alors autant jouer le jeu.

Il était un homme de parole, au moins, si je réussissais à avoir quelque chose de lui, ça serait fiable. Souriant donc au fait que oui je lui avais promis un verre, j’hochais la tête à la proposition d’une bière avant de le suivre vers un bar un peu plus loin. Il semblait avoir du mal avec mon enthousiasme, mais c’était que je ne voulais pas laisser tous les obstacles ruiner mes efforts. Si je n’étais pas motivé à me battre, alors comment changer des autres ? Lui demandant donc ce qu’il voulait faire, il eu une réponse assez évidente, voir sur la défensive, mais au moins j’eus une réponse. Il voulait potentiellement enseigner, c’était une bonne chose non ? Entrant donc dans le bar, j’allais nous trouver une place avant qu’il ne me rejoigne et qu’il ne me demande ce que je faisais. Il fit d’ailleurs une hypothèse sur mon programme, une hypothèse qui me fit sourire puis rire avant qu’il ne revienne à un sujet plus sérieux, à un sujet qui m’intéressait. « C’est qu’une option le harcèlement, rassures-toi je la prends que pour cette année ! » soufflais-je amusé avant de répondre réellement, « Et je suis en socio, l’idée serait de devenir conseiller dans les lycées, d’aider les jeunes à s’orienter, mais aussi les accompagner, les soutenir dans leurs vie au lycée, dans leur épanouissement. Les aider à choisir par eux-même pour pas prendre de mauvaise décision. », il n’avait peut-être pas besoin de savoir tout ça, mais je voulais lui expliquer réellement pourquoi j’étais si… Agaçant ?

Quant à ce que je voulais, des détails, c’était aussi évident comme réponse, « Les cours devraient couvrir les premières années en priorités, mais être aussi capable d’aider des gens de ton niveau. » commençais-je alors, « Pour les heures, c’est en fonction de ce que toi ou les autres pourraient offrir, dans l’idéale, je cherche des gens pouvant dégager au moins trois heures, mais j’ai un prof en psycho qui ne peut donner qu’une heure pour le premier semestre, c’est déjà beaucoup et si d’autres professeurs ou doctorants sont convaincu, ils pourront participer en plus et donc soulager les autres. » ce qui serait l’idéale, ce que j’aimerais vraiment. « Je veux pas imposer des choses, je veux que ce soit un plaisir pour tout le monde, comme je veux pas forcer, l’idée c’est de faire un planning, mettre des dispos et puis si personne vient, ça permettra toujours aux intervenant et prof de corriger, ou de travailler. », je cherchais simplement à concilier tout le monde.

« Sinon tu veux boire quoi ? Dans le premier chapitre du harcèlement c’est indiqué qu’il faut être sympa avec son doctorants cible, alors laisses moi te faire boire un peu ! », même si je comptais ne prendre qu’une bière, je devais surtout honorer ma part du marché.

Ce type est un vrai miracle. Il reste calme, détendu, prend même la plaisanterie de Drew pour ce qu’elle est. Franchement, c’est impressionnant. À sa place, le jeune homme n’est pas sûr qu’il serait capable de rester aussi maître de lui-même. Un autre fait qui le convainc un peu plus de faire l’effort de s’intéresser vraiment au petit speech qui ne tarde pas à suivre. Peu à peu, sans qu’il ne réalise vraiment, le piège se resserre autour de Drew… Il écoute attentivement et doit bien admettre que c’est difficile de ne pas se laisser aller alors qu’Alex semble tellement… motivé et convaincu par son projet, qu’il soit professionnel ou bien cette idée d’offrir des cours de soutien aux étudiants de UCLA.

“Des gens de mon niveau ?” s’étonne Drew malgré tout. “Honnêtement, si t’as encore besoin de cours de soutien quand t’arrives au terme de ton doctorat… C’est peut-être que t’aurais pas dû continuer aussi loin.” remarque-t-il, sans animosité particulière. C’est un fait : à ce niveau d’études, on ne travaille quasiment plus que sur un sujet bien spécifique, alors… Il faut vraiment avoir envie pour poursuivre jusque là. “Je ne connais aucun doctorant qui a toujours besoin d’aide pendant sa thèse… Et puis, on a tous un directeur de thèse avec lequel on a des entretiens personnels très régulièrement pour vérifier qu’on fait pas n’importe quoi avec notre sujet de recherche. T’es en quelle année, exactement ?” La question semble porter un certain jugement, mais ce n’est pas tout à fait le cas, seulement… Il n’a pas l’impression qu’Alex sache à quoi ressemble un doctorat. “Après, je suis peut-être pas le meilleur exemple, mais j’vais pas te mentir : plus t’avance dans tes études, plus tu te spécialise dans un domaine bien particulier. C’est difficile, pour ne pas dire impossible, d’aider quelqu’un qui bosse sur un sujet de recherche complètement différent du tiens… Tout comme je doute que mes connaissances actuelles servent à qui que ce soit d’autre que moi.”

Il n’est pas sûr de pouvoir libérer des heures pour donner des cours, mais s’il peut au moins aider Alex à ne pas partir dans des projets rocambolesques pour rien, on pourra considérer qu’il a fait sa part, non ? “Je vais prendre une bière pour commencer, mais si tu veux que je dégage trois heures dans ma semaine pour toi, va en falloir plusieurs je te préviens. Mais avant de me soûler, dis-moi une chose… D’où t’es venue cette idée exactement ?” demande-t-il, curieux. Forcément, il comprend l’intérêt dans un environnement tel qu’un lycée, mais l’université ? Enfin, pour les bachelors, pourquoi pas… Pour des types comme lui, c’est un vrai problème qui va plus loin que la simple inégalité des chances.

Il relevait un bon point, si des doctorants avaient encore besoin d’aide à leur niveau, alors c’était bien qu’il y avait un problème. Il expliqua un peu plus ce qu’il entendait par là, ajoutant qu’il y avait un directeur de thèse, qu’ils étaient suivi aussi régulièrement et cela le poussa à poser une question qui laissait penser que je n’avais pas le même niveau et il avait raison, je venais de reprendre des études, je m’étais concentré sur les cycles inférieurs et je manquais cruellement d’information sur le sujet, du moins pour les hautes études. « Je viens de commencer ma deuxième année. » répondis-je donc un peu distrait alors que je plongeais une main dans mon jean pour sortir une feuille plié en plein de morceau pour noter ce qu’il venait de me dire. Relevant les yeux quand il reprit, il m’expliqua que le concernant c’était particulier, il travaillait dans un domaine bien précis et il était clairement impossible pour lui, en tant que spécialiste, d’aider un autre sur un autre sujet. Il était vraiment intéressant et j’avais donc plein de question. « Je t’avoue que j’y connais pas grand chose en physique, mais c’est intéréssant ce que tu me dis. » déclarais-je donc avant de reprendre, « Mais vous suivez bien un tronc commun les premières années ? C’est vrai que c’est stupide de vouloir aider les hauts niveaux, mais des doctorants seraient en mesure d’assister sur des notions + + de la première à la troisième années ? ».

Lui demandant alors ce qu’il voulait boire, il me demanda une bière, avant d’ajouter qu’il lui en faudrait peut-être plusieurs pour que j’obtienne quelques heures de sa part. Souriant, je ne me levais pas tout de suite, car il cherchait à en savoir plus sur moi et si je n’étais pas prêt à tout dire sur ma vie, je pouvais au moins défendre mon projet en racontant ma propre histoire, du moins partiellement. « Mes parents avaient des attentes fantasques me concernant, je ne pouvais-t-être qu’un avocat, un médecin, ou tout autre métier apportant, gloire, pouvoir et argent, moi j’étais plus papillon et joie de vivre, alors j’ai fait un choix stupide juste pour fuir et pas avoir à les supporter. » commençais-je, « J’aurais bien aimé qu’un de mes profs, ou quelqu’un au lycée soit là pour me dire que j’étais pas obligé de faire ce qu’on attendait de moi et que j’avais d’autres talents et qualités qui auraient aussi pu me conduire à un métier épanouissant, d’où le fait que pour moi c’est important d’accompagner les étudiants. Vraiment important. » un clin d’oeil plus tard, je me levais avant de souffler, un sourire aux lèvres, « Et c’était l’armée le choix stupide. », il avait l’air du genre à aimer tout savoir, je n’allais pas l’en priver.

Me rendant donc au comptoir, je commandais deux bières qui ne tardèrent pas à arriver, revenant à la table, je les posais avant de reprendre ma place et la discussion, « Voici ta première bière. » déclarais-je en poussant le verre du bout des doigts avant de conclure, « Pourquoi cette spécialité d’ailleurs ? » demandais-je conscient que si je voulais le garder, je ne devais pas monopoliser la discussion. Et puis ça m’intéressait, on allait pas se mentir.

Il prend des notes. Drew trouve ça bizarrement mignon. Il se sent aussi satisfait, persuadé qu’il peut s’en sortir avec de simples conseils et échapper aux longues heures de cours particuliers. D’autant qu’il a beaucoup de conseils à donner, d’expertise à fournir dans le domaine de l’enseignement supérieur. “On peut même sûrement aider jusqu’au Master. Le prof que j’assiste en ce moment, je tiens certaines de ses classes de Master. Tout dépend de la personne évidemment, mais théoriquement, oui on devrait tous avoir le niveau.” Ce qui manque, c’est principalement le temps, mais il a comme l’impression qu’Alex n’est pas prêt à entendre raison sur ce point. Forcément, en deuxième année, on a beaucoup plus de temps devant soi… Il y a plus d’une question que Drew se pose maintenant qu’il sait ça.

Il n’en pose qu’une seule, pour le moment. À savoir, pourquoi se lancer dans un tel projet. La réponse qu’il obtient ne lui apporte pratiquement aucun éclaircissement à ce sujet. Sur le pourquoi vouloir aider les jeunes, oui, mais pourquoi tester d’abord sa théorie à la fac ? Enfin, qu’importe après tout. Qui est Drew pour empêcher un étudiant de réaliser ses projets ? Il se contente d’un sourire et ne dit plus rien jusqu’à ce qu’Alex aille chercher leurs verres. “Merci.” souffle-t-il quand l’homme revient. Il a peut-être encore plus de questions maintenant, mais elles n’ont plus grand chose à voir avec le sujet qui les a réunis ici. Et visiblement, il n’est pas le seul à vouloir en savoir plus. Pourquoi a-t-il choisi cette spécialité ? Il hausse d’abord les épaules. “Je ne sais pas…” répond-t-il, très honnêtement. “J’ai toujours trouvé fascinant de comprendre comment fonctionne l’univers. On réalise à peine que tout ce qui fait notre vie est régi par des lois strictes et pourtant invisibles. C’est dingue, non ? Et de s’imaginer qu’on est qu’une infime partie de ce qui existe…” Pour tout dire, Drew comprend assez mal que ce sujet ne passionne pas absolument tout le monde. Qu’on puisse vivre sa vie entière sans s’interroger sur l’univers, ça lui parait dingue.

“Pourquoi l’armée ?” Puisque l’homme se permet de dévier du sujet principal, il ne voit pas de raison de ne pas le faire aussi. Et puis, il n’a jamais caché le fait que cette histoire de cours de soutien l’intéressait assez peu. “Ça m’a l’air tellement… dangereux et restrictif.” souffle-t-il, pensif. Evidemment, il faut bien des gens capables de s’engager sur une telle voie, mais il a du mal à imaginer ce type dans un uniforme, à suivre les ordres et se fondre dans la masse. “T’as pas tellement la tête du soldat moyen.”